Le 15 septembre dernier, des femmes qui ne se connaissaient pas se sont réunies grâce à un groupe Facebook pour investir l’espace public, jusqu’ici réservé essentiellement aux hommes. Afin de contrer ce sentiment d’injustice, des femmes se sont mobilisées pour rendre aux femmes leur place dans l’espace public. Circuler en toute sécurité, ne pas se faire harceler ou agresser, on en rêve toutes. Zoom sur Zankadialna, une initiative qui veut donner de l’élan à toutes les femmes.
Zankadialna, une initiative citoyenne marocaine féminine spontanée
Cette initiative que l’on retrouve sur Facebook « résulte d’un ras-le-bol général suite aux actes répétés d’incivilité ou d’agression envers les femmes dans la rue marocaine », précisent les initiatrices de ce mouvement. Il suffit d’être une femme pour se rendre compte que dans l’espace public sa place est sans arrêt mis à mal : l’histoire de la jeune Khadija, enlevée, violée, séquestrée et tatouée en août dernier avait choqué les internautes. Ou encore, celle de cette jeune femme harcelée sur la terrasse d’un café,la veille de la promulgation de la loi anti harcèlement. Et plus récemment encore, le meurtre en pleine rue d’une jeune femme à Meknès qui avait refusé une demande en mariage. Rien ne laisse entendre que ce fléau qui hante pourtant nos rues marocaines s’amenuisera.
« Ce sentiment d’injustice puissant, a créé au fil des années une indignation pudique et silencieuse. De ce phénomène est née une volonté d’engagement et d’action, dans le respect du champ culturel et des acteurs responsables – et a conduit une poignée de femmes à créer une plateforme de sensibilisation et de dialogue, ou tout un chacun peut participer dans le respect et l’amour de l’autre », explicitent les initiatrices du mouvement qui souhaitent mobiliser les énergies, sensibiliser et éveiller les consciences afin de lutter contre les harcèlements et violences subies par les femmes. Le but? Mobiliser les énergies pour rendre aux femmes leur place naturelle dans l’espace public, en toute sécurité, éveiller les consciences et lutter contre les harcèlements et les violences subis par les femmes.
Une plateforme de partage au fort impact
Fondée le 1er juin 2018, cette initiative profondément citoyenne est née spontanément. Elle est non affiliée, apolitique et non associative. Sur les réseaux sociaux, la page #Zankadialna a connu un fort engouement. Ils ont été plus de 10.000 à rejoindre la page en quelques jours. Source d’idées et de propositions, les femmes et les hommes sensibles à cette cause n’ont pas hésité à participer et à apporter leur contribution pour rendre à la femme sa place dans l’espace public.
« Un noyau s’est formé, des rêves se sont exprimés, des idées ont été couchées sur papier. Des rencontres entre femmes ont fait le reste », indique Zankadialna dans un communiqué.
Une performance artistique qui a fait le buzz
Le 15 septembre 2018, une performance artistique a été programmée toujours à partir de la plateforme Facebook #Zankadialna, sur proposition de deux artistes marocaines, une performeuse et une chorégraphe qui ont rejoint l’élan avec leurs idées et leur savoir-faire. Un appel à participantes, ouvert à toutes, a été lancé toujours sur le groupe Facebook et une plateforme #PerformanceZankaDialna a été dédiée à l’action.
Cette performance a pris la forme d’une déambulation artistique, silencieuse – et pourtant audible – d’une trentaine de femmes volontaires, jusque-là inconnues les unes des autres, dans l’espace urbain de la capitale marocaine.
Lire aussi: #Kayna, l’initiative qui fait marcher les femmes pour se réapproprier l’espace public
« Le choix conscient de ces femmes de s’exprimer à travers un vecteur artistique, répond au besoin de celles-ci d’apporter un peu de beau et de baume à une société qui les a souvent oubliées, et qui a trop souvent amoindri leur lutte », expliquent les membres du mouvement.
Des femmes de milieux, d’éducation, et de classes sociales différents ont marché d’un seul pas, dans le calme, la sérénité, l’amour et le respect de l’autre, de la loi et de sa représentation. Un reportage photographique mené par d’autres femmes bénévoles et engagées a ensuite été partagé sur la plateforme dans le but de susciter l’intérêt et le débat au sujet de la réappropriation de l’espace public.
Ces femmes sont désormais liées par un bracelet de laine porté au poignet. Aujourd’hui, et suite à un sondage, les membres de la plateforme adoptent le bracelet Bleu Majorelle.
«Il sera dorénavant porté par celles et ceux qui sont sensibles à cette cause et lors de leurs prochaines performance ou activité de street-art, ainsi que par toutes les femmes qui, silencieusement, se joindront timidement à cette cause, par appréhension ou par pudeur»
#Zankadialna n’est pas qu’une simple initiative, qui s’évanouira dans les méandres d’Internet comme beaucoup de hashtags. C’est un symbole pour que toutes et tous puissent circuler dans nos rues en toute sécurité.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.