«Injustice», «complot», «mensonges»… Plusieurs marocains n’ont pas manqué d’afficher leur indignation au lendemain de l’arrestation de la journaliste Hajar Raïssouni et de son fiancé, un professeur universitaire d’origine soudanaise.
La cause? Un « avortement » qu’aurait subi la journaliste. Les éléments de la police judiciaire de Rabat ont également procédé à l’interpellation d’un médecin et de son assistant pour leur implication présumée dans cette affaire.
Interdits de communiquer même avec leurs avocats, les mises en causes ont été placés en garde à vue avant d’être déférés devant le procureur du roi lundi matin. Ils ont été accusés de débauche et avortement illégale, selon les informations d’Al Yaoum 24.
La même source ajoute que les accusés ont tout nié. « Je suis une femme mariée. Nous avons récité la Fatiha pendant nos fiançailles en la présence de nos familles et nous avons prévu d’organiser le mariage durant ce mois. Nous avons même déposé une demande auprès de l’ambassade soudanaise puisqu’il s’agit d’un mariage mixte. Et je tiens à préciser que je n’ai effectué aucun avortement et je n’avais aucune raison de le faire », a déclaré Hajar Raissouni.
Pour sa part, le médecin en question a indiqué: « Madame Hajar est venue chez moi dans un état critique. Elle souffrait d’une hémorragie interne et j’étais obligé d’intervenir mais il ne s’agissait pas d’un avortement ».
Et d’ajouter: « J’ai passé 40 ans dans ce domaine et je n’ai jamais commis d’infractions. Aujourd’hui je me retrouve accusé d’une chose que n’ai pas commise ».
L’arrestation de Hajar Raissouni a suscité la réaction d’un grand nombre de Marocains. Plusieurs d’entre eux s’indigent et condamnent cette décision. La leader et députée du PJD, Amina Maelainine, n’a pas manqué d’exprimer sa solidarité avec la journaliste via son compte Facebook.
Elle a écrit: « Je suis solidaire avec la journaliste Hajar Raissouni contre tout ce qui lui arrive et je condamne cette diffamation et atteinte à la vie privée. Si nous n’arrivons pas à changer beaucoup de choses dans nos vies, nous ne devons pas faire de mal aux gens. Nous devons faire preuve d’un peu d’humanité et avoir une bonne conscience. Hajar, c’est un être humain avant tout et une femme qui traverse une mauvaise passe. Nous avons besoin d’un nouveau modèle et d’une nouvelle approche pour mieux gérer notre vie commune ».
Il en va de même pour l’acteur de la société civile, Bilal Aljouhari. « Le hasard joue des tours, comme par hasard c’est une journaliste de « Akhbar Alyaoum », Hajar Raisouni dont le directeur est en prison pour « trafic d’être humains », et dont son proche directe est figure religieuse de renommé, qui est suivie puis arrêtée par les autorités devant l’immeuble de son gynécologue, arrêté lui aussi, pour accusation « avortement illégal » (en 2019), une semaine avant son mariage, comme par hasard elle est toujours en garde à vue privée de liberté pour encore quelques jours, malgré le résultat médical effectué par le médecin légiste niant catégoriquement les faits et donc pas « d’avortement » ».
Notons que plusieurs médias affirment qu’il n’existe aucune preuve contre les mises en cause. Le rapport du médecin légiste indique qu’aucun avortement n’a été effectué, comme le montre un document publié par Al Yaoum 24.
« Pas de trace au niveau du col par la pince de pozzie: on ne peux pas faire de curetage sans tirer le col utérin avec la pince de pozzie. Saignement minim de l’endocol qui pourrait être l’objet de la consultation chez le médecin », peut-on lire sur le site.
Hajar Raissouni, son fiancé, le médecin et son assistant sont toujours privés de leur liberté. Affaire à suivre…