Pour les urbains que nous sommes, actifs, étudiants, futurs bacheliers, etc… le ramadan s’apparente de plus en plus à « tenir le coup ». Est-ce l’âge qui nous fait parler ainsi ? La fatigue accumulée et les canicules incontrôlables ? Quand certains estiment que jeûner est « d’une autre époque » ou démodé, d’autres en font de plus en plus le prétexte de vraies retraites en groupe, apportant ce qu’il manquait peut-être à l’un des piliers de l’Islam dans les grandes métropoles hype : une attitude branchée.
Oui, jeûner en 2016 à Casa, Marrakech et ailleurs, pour certains, ça tient lieu de grandes réunions où smoothies healthy et spiritualité bon marché vont désormais de pair, comme le bof parisien mord dans un jambon beurre. L’on y décortique avec soin, les bienfaits du sésame et les vertus de la respiration consciente sur fond lointain de luth, ce dernier étant généralement joué par des musiciens qui vous regarderont déguster votre f’tour avec patience en attendant, stoïques et appliqués que l’assemblée réunie soit enfin repue pour avaler discrètement quelques dattes et jouer encore pour plusieurs heures, jusqu’à ce que vous ne les écoutiez plus. Ces musiciens silencieux dont la dignité semble encore plus tenace que la faim sont à eux seuls, une leçon de courage bien plus vraie que beaucoup de ces assemblées du mieux-être « bisounours ». Parce qu’ils vous placent sans le vouloir, vous qui avez la chance de ne pas savoir ce qu’est vraiment la faim ou la rage d’une envie de viande, en position de jeûneur « middle classe ».
Vous ne sauriez, vous ne pourriez prétendre concurrencer ou même réellement vous mettre à la place de celui ou celle dont les yeux cernés depuis l’enfance sont les stigmates de la mal-nutrition. Que pouvons-nous faire à cela ? Rien sans doute… ou revenir à quelques fondamentaux oubliés. Décence et simplicité, surtout à la nuit tombée.