Après Terry Richardson, un autre grand nom de la photographie de mode, Bruce Weber, est accusé d’avoir abusé de jeunes mannequins. Il s’agit de la dernière célébrité mise en cause dans le sillage du scandale Weinstein.
Selon une plainte déposée vendredi devant la Cour suprême de l’État de New York, Bruce Weber, 71 ans, qui a travaillé pour Vogue et aidé à forger l’image de marque comme Calvin Klein, Ralph Lauren et Abercrombie & Fitch, aurait abusé d’un mannequin masculin, Jason Boyce, en décembre 2014, lors d’une séance photo dans son studio à Manhattan.
Des vies brisées
Bruce Weber aurait demandé à Jason Boyce, alors âgé de 28 ans, de se dévêtir avant de procéder à des attouchements et d’obliger le jeune homme à l’embrasser. « Avec juste de la confiance, tu pourrais vraiment aller loin (…) Jusqu’où veux-tu aller? Quelles sont tes ambitions ? » lui aurait murmuré le photographe, selon la plainte déposée par l’avocate californienne Lisa Bloom. Une plainte qui vise également l’agence de mannequinat qui employait Boyce et son patron, Jason Kanner.
La plainte affirme que M. Weber « a eu un comportement similaire avec d’autres mannequins masculins » qui lui auraient été envoyés par l’agence, Soul Artist. Lisa Bloom a indiqué à l’AFP avoir reçu depuis vendredi « d’autres appels avec des plaintes similaires ». Elle a annoncé une conférence de presse à Los Angeles mardi en présence de Jason Boyce et d’un autre mannequin masculin qui accuse également Weber de harcèlement sexuel, sans donner de détail sur ses accusations à lui.
Après cette expérience, Jason Boyce dit avoir déménagé en Californie et renoncé au mannequinat, « redoutant une industrie dans laquelle M. Weber était considéré comme un photographe de premier rang et l’un des champions des mannequins masculins ». Jason Boyce réclame des dommages et intérêts, invoquant le « trouble émotionnel » causé et des « pertes économiques » après son retrait de l’industrie de la mode.
D’autres grands noms déchus
En octobre, le photographe Terry Richardson, connu pour ses photos provocantes et soupçonné, depuis des années, de harceler sexuellement ses mannequins, avait été « lâché » par les magazines Vogue et Vanity Fair, propriétés du groupe Condé Nast. Le groupe avait indiqué qu’il ne travaillerait plus avec M. Richardson, qui s’est distingué notamment par son travail pour Yves Saint Laurent, Marc Jacobs ou Tom Ford, après un article dans le Sunday Times britannique le qualifiant de « Weinstein de la mode ». Plusieurs grandes marques ont annoncé dans la foulée rompre avec lui, comme Bulgari, Diesel et Valentino.
Depuis les révélations sur le producteur de cinéma Harvey Weinstein, accusé d’avoir violé, violenté ou harcelé plus d’une centaine de femmes, pas un jour ne passe sans que la liste d’hommes de pouvoir américains accusés d’abus sexuels, parfois pendant des années, ne s’allonge.
Ce week-end, c’est le célèbre chef d’orchestre du très prestigieux Metropolitan Opera de New York, James Levine, 74 ans, qui a été accusé d’avoir agressé sexuellement pendant des années un jeune musicien, à partir de 1985, à l’époque où la victime avait 15 ans. James Levine, qui continuait à diriger occasionnellement bien qu’il soit officiellement en retraite, a été suspendu dans la foulée.
Les secteurs américains du divertissement, de la politique, de la culture et des médias sont les principaux concernés par ces révélations, avec des dizaines de personnalités accusées. Ils ont pour la plupart été limogés ou suspendus.