Le procès de 12 hommes accusés d’avoir séquestré et violé collectivement une adolescente a été reporté mardi pour la troisième fois en deux mois, au grand dam de la victime « impatiente de reprendre une vie normale ».
Nouveau report du procès du viol collectif de la petite Khadija
Le procès de 12 hommes accusés d’avoir séquestré et violé collectivement une adolescente a été reporté mardi pour la troisième fois en deux mois, au grand dam de la victime « impatiente de reprendre une vie normale ».
« J’attends que ça se termine pour rétablir la vérité et pour me faire détatouer », a confié à l’AFP Khadija, à la sortie du tribunal de Beni Mellal.
Son histoire avait suscité l’émoi dans le royaume et au-delà: pour obtenir justice, cette adolescente issue d’une famille défavorisée âgée de 17 ans au moment des faits, avait raconté en août dans une vidéo virale avoir été kidnappée, séquestrée, violée et martyrisée pendant deux mois par des jeunes hommes de son village d’Oulad Ayad, près de Beni Mellal.
Son témoignage filmé dans lequel elle montre des brûlures de cigarettes et des tatouages obscènes, infligés selon elle par ses agresseurs, avait suscité une forte mobilisation contre « la culture du viol et de l’impunité ».
Mardi, elle se présentait pour la première fois devant le tribunal n’ayant pas été invitée précédemment « pour des raisons de santé » au procès qui s’est ouvert mi-avril, selon son père.
L’audience a été immédiatement renvoyée au 9 juillet, deux des prévenus n’ayant toujours pas d’avocats.
La jeune fille s’est présentée au tribunal une main couverte par un gant noir pour cacher ses tatouages que ses avocats veulent utiliser comme preuve de ses accusations.
Les accusés, âgés de 19 à 29 ans, étaient présents dans la salle, menottés et surveillés par des policiers. Ils sont jugés pour « traite d’être humain », « viol », « constitution d’une bande organisée » ou « enlèvement et séquestration » et risquent jusqu’à 30 ans de prison. Un treizième est jugé séparément à huis clos, son dossier ayant été disjoint car il était mineur au moment des faits.
Khadija, qui vit avec ses parents dit avoir « traversé une période difficile » et « ressent toujours de la peur même si les choses vont mieux ».
Après sa séquestration, elle a du affronter les critiques dans son village. Les proches des prévenus martèlent qu’elle « était avec les garçons de son plein gré », certains la désignent comme coupable de ce qui lui est arrivé, même si quelques uns de ses agresseurs ont reconnu les faits.
Son choix de briser le silence en s’exposant publiquement est très rare dans une société conservatrice qui pousse les victimes de viol à se taire, pour protéger leur image et la réputation de leur famille.
Plus de 90% des Marocains ayant subi une forme de violence n’ont pas porté plainte contre leurs agresseurs, selon une récente enquête officielle. Khadija, elle, affirme avoir « résisté aux pressions » et appelle les victimes de violences à « ne pas se taire ».