Le nombre de mariages de mineures augmente au Maroc « de façon alarmante », avec plus de 25.000 dérogations légales au code de la famille accordées en 2018, a indiqué vendredi le ministre marocain de la Justice Mohamed Aujjar lors d’une conférence à Rabat.
Maroc: le nombre de mariages de mineures augmente
Le nombre de mariages de mineures augmente au Maroc « de façon alarmante », avec plus de 25.000 dérogations légales au code de la famille accordées en 2018, a indiqué vendredi le ministre marocain de la Justice Mohamed Aujjar lors d’une conférence à Rabat.
En tenant compte des unions « par entente prononcées selon la coutume », plus de 40.000 adolescentes ont été mariées avant 18 ans, s’est inquiétée lors de la même conférence la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) Amina Bouayach.
Des chiffres qui « font peur », a estimé le ministre Mohamed Aujjar, reconnaissant qu’il fallait « abolir les exceptions », notamment les dérogations au code de la famille (« Moudawana ») accordées aux familles souhaitant marier des mineurs.
« Il faut rétablir le droit des filles » qui subissent des « violations graves », a déclaré Mme Bouayach, appelant à abroger les articles du code de la Moudawana permettant des « exceptions ».
Dans les régions rurales, les familles se contentent souvent d’un engagement de type religieux et échappent de ce fait aux dispositions légales sur l’âge et le contentement des promis. Les mariages de mineures représentent « 20% des mariages sur l’ensemble du territoire », selon le CNDH.
Le ministre de la Justice estime cependant que « le sujet est compliqué » et qu’il faut « aller doucement » pour « respecter les spécificités de la société marocaine ».
« La société politique est traversée par un courant très conservateur, c’est un fait à prendre en considération » quand on plaide pour une « interprétation moderne » des textes législatifs, a-t-il dit.
Selon lui, le code de la Moudawana, adopté en 2004, était déjà « une révolution dans l’interprétation de la loi islamique ».
Les défenseurs des droits des femmes ont toujours jugé le texte insuffisant et appellent depuis plusieurs mois à une réforme pour le mettre en phase avec l’arsenal législatif adopté depuis, comme la Constitution de 2011 ou la loi contre les violences faites aux femmes, en vigueur depuis septembre 2018.
Le CNDH a lancé début mars une campagne nationale sur le thème: « Mariage des mineures: abolir « l’exception (…) rétablir la norme ».
L’âge au premier mariage des femmes au Maroc est passé de 26,3 ans à 25,7 ans entre 2004 et 2014, selon les statistiques officielles publiées par le haut commissariat au Plan.
Selon les données du ministère de la Justice, 41.669 demandes de mariages de mineurs (dont 99,0% sont des filles) ont été déposées en 2015 (contre 38.331 demandes en 2007) et 85,1% de ces demandes ont été acceptées. Selon la même source 25.514 dérogations ont été accordées par les juges de la famille en 2018.
Ces statistiques ne précisent pas l’âge de l’autre partenaire.