L’épineuse question de l’avortement refait surface après l’arrestation de la journaliste marocaine, Hajar Raissouni. Cette affaire suscite un vif débat dans le royaume et les associations féministes ne comptent pas baisser les bras.
L’arrestation de Hajar Raissouni a pris une grande ampleur. La journaliste d’Akhbar Al Yaoum a été accusée « d’avortement illégal », de « relations sexuelles hors mariage », « d’usurpation d’identité » et de « déclarations mensongères ».
Plusieurs associations de la société civile n’ont pas manquer d’exprimer leur indignation envers ces chefs d’accusations. Parmi elles, on retrouve la Fédération des Ligues des Droits des Femmes.
La FLDF a publié un communiqué dans lequel elle exprime sa solidarité avec Hajar Raissouni et réaffirme ses positions contre la discrimination et la violence juridique exercée à l’encontre des femmes au Maroc.
«La Fédération des Ligues des Droits des Femmes exprime sa solidarité avec Mme Hajar Raissouni, exige qu’il soit mis fin à sa diffamation et aux atteintes à sa réputation, appelle à la prise en considération de son état de santé et demande la libération de toutes les personnes interpellées », peut-on lire sur le communiqué parvenu à la rédaction.
Pour la FLDF, l’adoption d’un code pénal bannissant toutes ces formes de discrimination est plus que jamais primordial. La Fédération a par ailleurs rappelé que les dispositions portant sur l’avortement ont donné lieu, récemment, à la mise en place d’une commission royale pour mener des consultations et recueillir les différents avis sur cette question.
La FLDF exige que les responsables marocains agissent dans les plus brefs délais pour mettre un terme à cette problématique une fois pour toute. La Fédération des Ligues des Droits des Femmes «appelle le parlement et ses différentes composantes à assumer leurs responsabilités en adoptant un code pénal qui protège les femmes de toute forme de discrimination et de violence et qui préserve leur dignité et leurs droits».
La Fédération estime que la question de l’avortement doit être fondée sur une approche rationnelle visant à changer les comportements plutôt qu’une approche fondée sur la punition et la criminalisation.
«Le nouveau code pénal se trouve entre leurs mains et que plusieurs mémorandums émanant du mouvement des droits des femmes et des organisations des droits de l’homme à ce sujet ont été rendus publics contenant des propositions, des doléances et des recommandations dont celle relative à la réglementation de l’avortement et non pas de sa pénalisation, en tenant compte de la santé psychologique et sociale des femmes et appelant à la dépénalisation et à la non association des relations sexuelles consenties entre adultes à la débauche », conclut le communiqué.
En attendant l’adoption de ce nouveau code pénal, Hajar Raissoun risque gros. Son audience est prévue pour le lundi 9 septembre. Le procureur général du roi près le Tribunal de première instance de Rabat avait détaillé, dans un communiqué publié mercredi, les éléments médicaux confirmant à la fois les « signes de grossesse et l’avortement volontaire tardif » de Raissouni. Notons que des marches de contestation auront lieu dans les jours à venir pour faire pression sur les autorités.