La police de Téhéran a annoncé, jeudi 28 décembre, un assouplissement des règles vestimentaires qui régissent le pays. Ainsi, les Iraniennes ne seront plus conduites en prison pour être sorties dans la rue tête découverte ou pour un voile « mal porté ».
C’est un petit pas pour le droit des femmes en Iran. Alors que le pays est agité depuis le 28 décembre par des manifestations contre le gouvernement du président Hassan Rohani, cet assouplissement de la réglementation relative au port du voile en public marque une petite victoire. En effet, depuis une semaine, de nombreux manifestants descendent dans les rues du pays pour protester contre le président, jugé incapable de répondre aux difficultés économiques. Les femmes remettent également en cause le régime et revendiquent le droit de choisir de porter le voile ou non.
Se couvrir les bras et les cheveux est obligatoire en Iran depuis la révolution de 1979. Les femmes qui ne respectent par la loi encourent le risque d’être arrêtées et placées en détention. Afin de protester contre ce non-respect des droits des femmes, plusieurs d’entre elles, accompagnées de certains hommes, ont lancé la campagne #WhiteWednesdays qui consiste à porter symboliquement chaque mercredi un voile blanc, en signe de protestation. Malgré les sanctions encourues, certaines n’hésitent pas à enlever leur voile en public pour pousser encore plus loin la protestation. La photo de l’une d’entre elle, brandissant son foulard blanc au bout d’un bâton a d’ailleurs fait le tour du web et est devenue l’un des symboles de ces manifestations qui secouent le pays.
#IranProtests : un jour, on se souviendra que c’est ainsi que tout a commencé. #balancetonvoile pic.twitter.com/KpWT6egcMN
— J-Christophe Buisson (@jchribuisson) 31 décembre 2017
Dans un premier temps, la police de Téhéran a donc annoncé un assouplissement de la réglementation explique le New York Times. « Les femmes qui ne respectent pas le code vestimentaire islamique ne seront plus placées en détention et ne feront plus l’objet de poursuites judiciaires » a annoncé le chef de la police de Téhéran, Hossein Rahimi. Mais ne crions pas victoire trop vite. En effet, si les femmes ne seront plus arrêtées, elles seront en revanche obligées de suivre des cours d’éducation islamique. Aussi, cet assouplissement de la loi ne concerne pour le moment que la capitale du pays.
Une victoire qui n’en est donc pas réellement une et qui laisse sceptique la journaliste et activiste iranienne Masih Alinejad, initiatrice du mouvement #WhiteWednesdays. « Dans sa déclaration, le chef de la police a dit que si l’écharpe tombe « accidentellement », la femme ne serait pas arrêtée mais envoyée dans des cours d’éducation. Or personne ne retire son foulard accidentellement » déclare-t-elle. Cette « souplesse » de la réglementation s’adresse donc surtout aux jeunes Iraniennes qui ont pris l’habitude de laisser apparaître une partie de leurs cheveux, jouant ainsi avec la loi.
Espérons donc que cette petite avancée soit le début d’une plus grande réforme !