Le Premier ministre irlandais a annoncé la tenue d’un référendum sur le droit à l’avortement pour 2018. Le pays est l’un des plus restrictif en la matière. Alors que la population reste hostile à l’IVG, la bataille est loin d’être gagnée.
C’est une première victoire. Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, vient d’annoncer la tenue d’un référendum sur l’avortement. Le vote devrait être organisé en mai ou juin 2018, soit quelques mois avant la visite du Pape dans le pays, en août.
L’Irlande fait partie des pays les plus répressifs en la matière. Le huitième amendement de la Constitution confère le statut de citoyen au fœtus, même au tout début de la grossesse. Il lui donne le « droit de la vie à naître » à égalité à la vie de la mère.
En 2011, le pays avait été secoué par la mort d’une Indienne décédée dans un hôpital irlandais des suites d’une fausse couche, après avoir inlassablement demandé l’interruption de sa grossesse. Le gouvernement avait réagi en assouplissant légèrement la loi. Ainsi, depuis 2013, l’avortement est permis en cas de danger pour la mère, y compris si celle-ci menace de se suicider.
La loi actuelle établit qu’une femme condamnée pour interruption illégale de la grossesse peut encourir jusqu’à 14 ans de prison. À cause de cette politique plus que restrictive, certaines Irlandaises sont contraintes de traverser les frontières. Selon des statistiques officielles, en 2015, 833 femmes d’Irlande du Nord se sont rendues en Angleterre ou au Pays de Galles pour se faire avorter.
Des espoirs fragiles
Une manifestation pour légaliser l’avortement est prévue le 30 septembre et se tiendra dans les artères de Dublin. Le 20 septembre dernier, des centaines de militants pro-vie ont défilé pour réitérer leur soutien au huitième amendement. La population reste donc largement divisée sur le sujet.
Un sondage de l’Irish Times montre que 2/3 des Irlandais seraient prêts à accepter l’avortement si le fœtus résulte d’un viol ou inceste, et que la moitié de la population est pour l’IVG si le fœtus a un handicap physique ou mental. Il ne faut cependant pas crier victoire trop vite. Seulement 28% des votants considèrent qu’il devrait être légal si la mère veut mettre un terme à sa grossesse parce qu’elle ne se sentirait pas capable d’assumer financièrement, ou à cause de son âge.
De surcroît, les groupes catholiques restent très influents dans le pays. Récemment, Bernard Durkan, membre de Fine Gael, l’un des principaux partis de la coalition au pouvoir, a suggéré qu’en cas de viol ou d’inceste, il suffisait de prendre la pilule du lendemain : « A priori, les viols sont signalés le jour même ou le lendemain et c’est une solution plus juste pour traiter ces cas. » L’obtention du droit au choix est encore loin d’être acquise, d’autant que l’on ne connait pas encore l’intitulé exact de la question qui sera posée à la population via ce référendum.
Vers d’autres avancées
Un vent de progrès soufflerait-t-il sur l’Irlande ? Le premier Ministre a annoncé que le référendum ouvrirait la voie à d’autres votes, dont un sur l’interdiction du blasphème, prévu en octobre 2018, et un autre sur l’annulation de l’article de la Constitution affirmant que la place de la femme est au foyer. Si l’avortement est légalisé, le dernier rempart à la modernité pourrait être renversé dans le pays qui fut le premier à approuver le mariage gay par référendum.