Suite à l’indignation, place aux condamnations. Des peines de 5 à 8 mois de prison ferme ont été prononcées par la justice marocaine contre sept accusés dans l’affaire du décès en octobre d’un vendeur de poisson broyé dans une benne à ordures, qui avait suscité l’indignation au Maroc.
Mouhcine Fikri était mort happé par une benne à ordures dans la ville d’Al-Hoceïma (nord) alors qu’il tentait de s’opposer à la saisie et à la destruction par des agents de la ville de sa marchandise, de l’espadon interdit à la vente.
Onze personnes, des responsables de l’administration des pêches, des fonctionnaires de l’Intérieur et des employés de la société de nettoyage, soupçonnées notamment d' »homicide involontaire », avaient été présentées à un juge d’instruction, et huit d’entre elles incarcérées.
Sept de ces accusés ont été condamnés mercredi à des peines allant de 5 à 8 mois de prison ferme, et à une amende de 500 dirhams par la Chambre criminelle d’Al-Hoceïma, a annoncé dans un communiqué le procureur du roi dans la région. Quatre autres personnes ont été acquittées, selon ce communiqué, relayé par l’agence MAP (officielle).
Le parquet a fait appel de ce jugement, prononcé à l’issue de deux jours de procès. Les parents de la victime ont obtenu une indemnisation dont le montant n’a pas été précisé.
Les circonstances atroces de la mort de Mouhcine Fikri avait été filmées par téléphone portable, ce qui avait contribué un peu plus à l’indignation dans le pays.
Si les manifestations avaient rapidement cessé à l’échelle nationale, elles se poursuivent à intervalles réguliers et avec vigueur jusqu’à ce jour à Al-Hoceïma, soutenues par des activistes locaux posant des revendications plus sociales et politiques, comme la lutte contre le chômage ou la corruption, la défense de l’identité berbère et de la région du Rif.
Des responsables locaux, dont le gouverneur, ont été limogés fin mars, et le ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement nommé début avril, Abdelouafi Laftit s’est rendu sur place dans la foulée de sa nomination pour tenter de calmer ce mécontentement populaire en forme de « séisme social », selon l’expression d’un hebdomadaire marocain.
Plusieurs titres de la presse locale se sont alarmés ces dernières semaines d’une fronde aux accents de plus en plus « séparatistes », dans une région, le Rif, réputée frondeuse et longtemps exclue des projets de développement au temps du précédent roi Hassan II.