Pour une femme qui entreprend, faut-il dire entrepreneur, entrepreneure, ou entrepreneuse ? Les trois sont admis, et ça tombe bien, car les Marocaines qui entreprennent sont de plus en plus nombreuses. Nous avons rencontré six d’entre elles qui se sont démarquées en investissant à leur manière les domaines des nouvelles technologies, la mode, la pâtisserie, les ressources humaines, le design ou l’art et la culture. Tour d’horizon de leurs beaux projets. En épisode 4, l’univers de Nawal Jai.
Qui êtes-vous?
Nawal Jai, 39 ans, CIN K 276 259, tangéroise. Jusqu’ici tout va bien (rires). Je suis une personne passionnée, anticonformiste, un atome libre, très accessible et avec de l’énergie à revendre. Parfois « workoholic » jusqu’à l’ivresse et parfois aussi paresseuse qu’un chat au soleil. De profil rebelle, je ne suis pas toujours facile à vivre. Et bien que j’ai plus tendance à passer des coups de gueule qu’à déclamer des poèmes (rires), j’ai une extrême sensibilité et je m’attache fortement aux personnes dont je partage les valeurs.
Que faites-vous dans la vie?
Sur le plan professionnel, et si je devais résumer en une phrase, je dirais que je conçois et anime des dispositifs sur mesure pour mobiliser les clients internes d’une entreprise autour de la stratégie et faire de leur lieu de travail un lieu de vie et de relations épanouissantes et motivantes. Pour détailler davantage, je dirige depuis 2012 le cabinet ECLORH, qui accompagne les entreprises sur trois sujets stratégiques et intimement liés : la marque employeur, la communication RH et les systèmes de management. Ce qui nous distingue fortement des cabinets RH généralistes? Le fait que dans nos interventions nous mixions systématiquement deux disciplines, le marketing et l’expertise RH, et trois approches: le consulting, le coaching et la formation. Notre conviction est que l’entreprise est non seulement un espace de création de valeur collective mais aussi un lieu de vie et de relations.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées?
J’ai quitté une situation financière très confortable et ai abandonné la proposition qui m’était faite de m’associer au cabinet – dont j’étais alors directrice du pôle conseil en développement RH. La difficulté principale était donc d’ordre financier, car je n’avais pas les moyens de prendre un beau local, recruter, investir dans le développement de concepts, investir dans de la communication autour de mon activité. En gros, je n’avais pour moi que ma créativité, mon souffle de liberté, ma persévérance, mes compétences, mes amis et ma famille. Et surtout mes convictions : celle qu’Eclorh avait une place à prendre sur le marché – qu’elle soit petite ou grande, et que j’avais la détermination nécessaire pour travailler dans un environnement qui me ressemble.
Qu’est-ce qui vous motive?
Ce qui me motive le plus, c’est la reconnaissance de mes clients et c’est l’énergie que nous arrivons à insuffler, avec mon équipe de choc, à 100, 200, 300 collaborateurs d’une entreprise durant un team building ou une convention – par exemple. C’est ce sentiment à nul autre pareil, de faire sortir mon client de sa zone de confort, de le convaincre d’oser, de sortir des sentiers battus, qu’il finisse par me faire confiance et qu’il ne le regrette pas. Au risque de paraître un peu fleur bleue, au final : ce qui me motive c’est l’amour infini que je voue à mon prochain – que j’exprime à travers mes concepts – et que mes clients me rendent bien ! Je dois d’ailleurs avouer que j’ai également monté mon entreprise pour pouvoir voyager 3 à 4 mois par an, en mode sac à dos ! C’est lors de ces voyages que je fais le plein de nouvelles idées et de concepts que je déploie à mon retour.
Un message aux jeunes entrepreneuses en devenir ?
Osez, croyez en vous et networkez. Il vous arrivera de douter : écoutez d’où vient ce doute et décidez de sa légitimité. Restez authentiques. Ne trichez jamais avec vos clients et donnez leur plus qu’ils n’en demandent chaque fois que vous le pouvez. Il vous arrivera de trébucher, parfois de tomber. Relevez-vous. Il vous arrivera de vous tromper – il faudra l’accepter. Soyez économes mais pas radins. Ne vivez jamais au dessus de vos moyens et dans le paraître, acceptez les sacrifices et soyez en fiers. Créez, innovez : vous serez peut être en avance sur votre marché et votre temps, mais c’est mieux qu’être « Has Been » !