Société

La Jordanie exige un «mahram» pour les Marocaines

Mounia Semlali, responsable du programme justice des genres de l’ONG Oxfam au Maroc a récemment exprimé son indignation sur les réseaux sociaux. La raison? Sa demande de visa jordanien a été refusée. Pourquoi ? Explications. 

Alors qu’elle devait se rendre à une formation organisée par son employeur, on l’informe sur la nécessité d’avoir une autorisation du ministère de l’intérieur jordanien. Ou, et c’est là, où ça chauffe : d’avoir à ses côtés, en tant que femme marocaine, un « mahram » pour pouvoir se rendre en Jordanie.  Elle est ainsi obligée d’être accompagnée par un membre de sa famille de sexe masculin lors de ce voyage. Une condition qui ne concerne que les Marocaines.

La jeune femme de 28 se révolte sur son post publié sur Facebook. Elle avance plusieurs questionnements qui l’indignent relatifs à la discrimination dont elle a été victime, et qui est exercé à l’égard de l’ensemble des femmes marocaines.

Elle appelle un bon nombre de hauts responsables à réagir, dont la reine Rania de Jordanie, le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale et va même jusqu’à déployer le hashtag #Nasser_Bourita. Mentionnant également « The Ministry of Planning and International Cooperation »… et bien d’autres !

C’est une affaire qui n’en est pas à ses débuts !

En 2012, et pour une formation également, Mounia Semlali fait une demande de visa pour se rendre en Jordanie. Une demande qui lui a bien évidemment été refusée pour les mêmes causes citées ci-dessus. Mais finit par obtenir son visa après s’être entretenue avec l’ambassadeur qui a été convaincu par les intentions de la jeune femme et la conformité de son voyage.

Sa requête, pour un futur voyage vers la Jordanie, en ce début d’année 2019 prend une toute autre tournure. Elle est obligée d’avoir un “mahram” ou l’autorisation du ministère de l’Intérieur jordanien. Un papier que Mounia Semlali détient, mais c’est plutôt la question de l’exactitude de la requête qui pose problème.

Quand on demande un visa pour la Jordanie, on nous demande un dossier, et normalement, il y a une étude de ce dossier. C’est à cela que sert cette procédure, c’est le travail de l’ambassade”, confie Mounia au Huffpostmaghreb. “Je pense que la personne qui a pris mon dossier ne connaissait pas l’organisme pour lequel je travaille”, ajoute-t-elle.

Mounia Semlali, déterminée comme jamais à faire triompher la femme marocaine et la faire sortir de toute cette discrimination exercée à son égard depuis plusieurs années maintenant. Elle appelle hauts responsables et journalistes à prendre l’affaire au sérieux avançant que « la femme marocaine n’est pas synonyme de prostituée ».

Un acharnement qui a porté ses fruits, et lui a permis de se faire entendre : elle a été contactée par l’ambassade de la Jordanie qui lui a finalement accordé le visa.

Elle aurait été bloquée par le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération qu’elle avait l’habitude de mentionner sous tous ces post concernant ce sujet. Chose qu’elle n’a pas pu faire cette fois. Une première revanche de la jeune femme pour les femmes de son pays ? On dirait bien que oui !

« Que le combat commence ! Que la femme marocaine puisse être respectée ici et ailleurs », s’exprime-t-elle sur ce même post.

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