Abdelfattah Bahjaji, président du Réseau marocain pour la défense des droits de l’homme créée en 2008, comptabilise 24.500 cas d’hommes battus par leurs épouses entre 2008 et 2018, rapporte l’édition du jour d’Aujourd’hui le Maroc. En 2018, une légère hausse est enregistrée par rapport à l’année précédente, soit respectivement 3.000 cas contre 2.500 cas.
24.500 Marocains battus par leurs femmes depuis 2008
Abdelfattah Bahjaji, président du Réseau marocain pour la défense des droits de l’homme créée en 2008, comptabilise 24.500 cas d’hommes battus par leurs épouses entre 2008 et 2018, rapporte l’édition du jour d’Aujourd’hui le Maroc. En 2018, une légère hausse est enregistrée par rapport à l’année précédente, soit respectivement 3.000 cas contre 2.500 cas.
Le quotidien précise que ces chiffres ne sont qu’une estimation non exhaustive effectuée à partir des victimes s’étant rendu à l’association. D’autres préfèrent rester discrètes en passant un coup de fil. « En moyenne nous recevons entre 3 et 4 appels d’hommes victimes de violence chaque jour », déclare le président du Réseau à nos confrères, mais en réalité, « le nombre d’hommes violentés est beaucoup plus important », affirme-t-il.
La plupart des hommes n’osent pas se déclarer « par honte ». « Le tabou entourant les hommes victimes de violence conjugale est encore bien ancré dans notre société », regrette Bahjaji. Toutefois, ces chiffres restent dérisoires en comparaison de ceux concernant les femmes.
Contactée par H24Info, Nouzha Skalli, ancienne Ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité et cofondatrice de l’Association Marocaine de lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes (AMVEF), rappelle que « les violences faites aux hommes demeurent des cas particuliers et non un phénomène de société puisque la société elle-même glorifie le sexe fort ».
Pour appuyer son propos, l’ex-ministre se réfère à un rapport des Nations-Unies selon lequel 35% des femmes dans le monde ont subi des violences physiques ou sexuelles en 2018 de la part de leur partenaire intime. Elle met également en avant une autre enquête menée en 2008 par le Haut Commissariat aux Plan et dévoilant que 52% de femmes victimes d’homicides l’étaient soit par leur partenaire intime, soit par un membre de leur famille, contre seulement 6% dans le cas des hommes victimes d’homicides, respectivement par leur épouse ou un membre de leur famille.
25% des cas masculins recensés sont victimes de violences physiques, ce qui constitue le type de violence le plus répandu chez les hommes battus. Morsures, griffures au visage, gifles, coups et blessures, fracture de la tête et de la mâchoire, blessures au couteau, hématomes…en sont des exemples majeurs. Les violences sexuelles vis-à-vis des hommes restent extraordinaires (seulement deux cas de harcèlement sexuel recensés par l’association en 2018).
Ce qui attire l’attention depuis plusieurs années, ce sont les violences de type juridique que subissent les hommes, notamment dans le cadre d’un divorce. De nombreux pères se retrouvent à devoir payer des pensions alimentaires supérieures à leur salaire. En ce sens, Nouzha Skalli qui, via l’AMVEF, a créé le premier centre de médiation familiale au Maroc en 2011, appelle à une meilleure considération de la médiation familiale.
La semaine dernière, une conférence pour un plaidoyer sur l’institutionnalisation de la pratique de la médiation familiale a été organisée par l’AMVEF. Le but? Réfléchir à un mécanisme alternatif de résolution des conflits dans le cadre des relations conjugales ou familiales à travers la pratique de la médiation familiale, et surtout, lui donner un cadre juridique et officialiser la profession de médiateur.
Lors des rencontres avec les associations en faveur des hommes battus, Nouzha Skalli leur a toujours posé la question suivante: « Etes-vous prêts à condamner les violences faites aux femmes ou vos actions sont-elles là pour les contrecarrer ? ». En réponse, elle affirme que les concernés ont toujours manifesté leur volonté de s’inscrire dans une démarche de lutte collective.
« Ces associations (de lutte contre les violences faites aux hommes, ndlr) doivent s’exprimer clairement pour condamner toutes formes de violence et ainsi rendre plus légitime leur plaidoyer, et non mettre dos à dos les deux sexes », a conclu l’ancienne ministre.