Matchs de fous!
«S’il y a bien un jour où je m’enferme chez moi et je n’en sors pas, ce sont les jours de matchs. Ce qui devrait être des rencontres sportives se transforment en massacre… Généralement, les rues sont bloquées, la sécurité est à son comble mais cela n’empêche pas de se sentir complètement dans l’insécurité. Il a pu m’arriver de rester coinçée à la sortie des spectateurs, j’ai cru que j’allais mourir!». Fatiha 32 ans.
Pauvres piétons
«Pour marcher en toute quiétude, encore faudrait-il que les rues soient conçues pour que les piétons se sentent en sécurité et respectés des automobilistes. Où sont les espaces de marche ? Les coins verts où pouvoir se balader sans risquer de se faire attaquer ? La rue n’est pas un endroit tranquille et les jeunes femmes sont encore des intruses dans la rue.» Ouamaïma 25 ans.
J’ai une voiture…
«J’ai longtemps marché parce que je n’avais pas le temps d’aller faire du sport. De fait, j’allais au bureau ou à certains de mes rendez-vous à pieds, munie d’un casque et de musique à mes oreilles pour en faire une vraie pause. Avec le temps, j’ai bien compris que cela était dangereux. Même si j’ai toujours gardé une apparence discrète et que je prenais garde à ne pas porter de bijoux ou d’accessoires voyants, cela ne servait à rien. Je finissais toujours par m’attirer les foudres des jeunes gens. Moi qui détestait conduire, je me suis finalement résolue à racheter une voiture… et ça m’a changé la vie!». Maria, 40 ans.
La ville est laide
«Casa peut-être métamorphosée la nuit, lumineuse et belle. En journée, j’ai l’impression d’être dans une ville tentaculaire, insécure où ne règnent que bruits et chaos. Les trottoirs sont bien trop mal conçus ou insécures pour permettre d’y marcher trop longtemps seules parce qu’ils sont trop petits ou envahis d’ordure. Rien n’est vraiment imaginé ou pensé pour se balader. La Corniche casablancaise est évidemment bien plus belle qu’avant mais à son tour, envahie de trops de marchands ambulants et c’est un peu la foire en permanence. Ce n’est pas très motivant pour se vider la tête».
Les hommes ne savent pas se tenir
«C’est plutôt banal mais c’est toujours la même histoire. Il suffit qu’une jolie femme décide de faire quelques pas dans la ville pour qu’elle soit systématiquement draguée : à pied, en voiture. L’autre jour, nous étions plusieurs copines et moi en jogging et baskets et cela n’a rien changé. Plusieurs voitures rasaient les trottoirs pour nous accoster, klaxons et Cie. Du coup, on a été obligées de rebrousser chemin et d’aller prendre un café pour nous sentir plus tranquilles.» Sabrina 25 ans.
J’ai bien trop peur
«Quand on lit les journaux, quand on voit ce qui se passe, les agressions au couteau, les agressions sexuelles etc…, on a plus vraiment envie de sortir seule dans la rue. Depuis que je suis au Maroc, je me suis fixée ce que j’appelle « l’horaire Cendrillon ». Autrement dit, je ne dépasse pas minuit. Quand je rentre chez moi, je suis toujours accompagnée d’un homme ou je donne rendez-vous à mes oncles pour qu’ils viennent me chercher. J’aimerais me sentir en sécurité ici, j’ai trop peur pour ma vie. C’est invivable!» Imane 21 ans.
Non assistance
«L’année dernière, j’ai subi une grave agression au couteau : j’ai été griffée au visage, les agresseurs m’ont volé mon sac et m’ont traîné sur plusieurs mètres et personne, personne n’est venu à mon secours. Et ce, malgré mes hurlements de terreur. Quelques personnes se sont contentées de former un attroupement lorsque j’étais à terre histoire d’assister au spectacle… Depuis, je suis sur le qui-vive et je ne me balade plus seule. Cet épisode a été très dur à surmonter psychologiquement». Rita 39 ans.
Conduire, c’est bien mieux
«Pourquoi marcher quand on peut traverser la ville tranquillement dans sa voiture, vitres fermées et en sécurité ? Pour moi, cela tombe tout simplement sous le sens… Je préfère largement être en voiture, prendre le temps d’écouter ma musique préférée et me sentir au chaud plutôt que d’avoir à me sentir agressée du regard ou prendre le risque de l’être réellement». Sarah 32 ans.
A cause du regard des hommes
«A moins de n’avoir aucun autre choix comme malheureusement des milliers de femmes dans les grandes villes, laquelle d’entre nous pourrait y trouver du plaisir ? C’est une épreuve quotidienne à moins d’être voilée de la tête aux pieds où d’être vraiment pas regardable du tout… Lorsque vous êtes juste une femme lambda, c’est une autre histoire ! Il faudrait soi-disant tout accepter ou faire comme s’il ne se passait rien. Cette idée là me semble de plus en plus insupportable puisque justement, notre seule présence dans la rue suscite des blagues et des regards lubriques. Il ne faut pas que les générations à venir aient à subir le même sort que le nôtre. Les hommes doivent grandir et mûrir, un point c’est tout!» Selma 27 ans.