L’actrice américaine Uma Thurman, égérie du réalisateur Quentin Tarantino et proche de son producteur Harvey Weinstein, accuse le magnat déchu d’Hollywood d’agression et de pressions à son encontre dans une interview publiée par le New York Times samedi.
Après un rendez-vous de travail à Paris qui avait pris une tournure équivoque quand Harvey Weinstein avait invité l’actrice dans sa chambre d’hôtel, puis dans un sauna de l’établissement, Uma Thurman avait retrouvé son producteur à Londres, également dans sa chambre d’hôtel.
« Il m’a poussée et a essayé de se jeter sur moi et de se déshabiller. Il a fait plein de choses désagréables », raconte-t-elle dans l’interview.
« M. Weinstein reconnaît avoir fait des avances à Mme Thurman après avoir mal interprété son attitude à Paris. Il s’est immédiatement excusé », a réagi dans un communiqué un porte-parole de l’ancien producteur, qui suit actuellement une thérapie en Arizona.
Le porte-parole décrit la relation entre les deux comme « une relation de travail amusante et mêlée de séduction ».
Après l’agression, qui s’est déroulée après la sortie de « Pulp Fiction » (1994) et avant le tournage de « Kill Bill: Vol. 1 » (2003), Uma Thurman s’est rendue dans l’hôtel de son producteur pour lui faire face.
Elle explique l’avoir alors mis en garde: « Si tu fais ce que tu m’as fait à d’autres personnes, tu vas ruiner ta carrière, ta réputation et perdre ta famille, je te le garantis ».
Selon son amie Ilona Herman, qui l’avait accompagnée, Uma Thurman était bouillonnante de colère quand elle a quitté Harvey Weinstein à l’issue de leur discussion ce jour-là. Le producteur avait menacé de compromettre sa carrière.
Des accusations niées par l’intéressé, qui a fait savoir par le biais de son porte-parole qu’Uma Thurman était une « brillante actrice ».
« Je me sens si mal pour toutes les femmes attaquées après moi », poursuit l’actrice de 47 ans dans l’article, comparant ces victimes à « des agneaux entrant dans l’abattoir ».
Deux des plus gros succès d’Uma Thurman, « Pulp Fiction » et « Kill Bill », ont été réalisés par Tarantino et produit par Weinstein.
Ce dernier avait distribué le premier film du réalisateur, « Reservoir Dogs », en 1992, avant de produire le reste de sa filmographie. Le duo était l’un des plus puissants d’Hollywood.
Uma Thurman a raconté l’agression dont elle a été victime à Tarantino, sans qu’il ne la prenne au sérieux. « Il a dû mettre ça de côté en se disant +Oh pauvre Harvey, il essaie d’avoir des filles trop bien pour lui+ ».
Ce n’est qu’en 2001, lorsqu’elle a insisté, dérangée par la présence de Weinstein lors du Festival de Cannes, que le cinéaste a réalisé la gravité des faits reprochés à son producteur. « Il a compris, il a parlé à Harvey ».
Le fondateur de Miramax lui a alors présenté ses excuses. « Son regard a changé, l’agressivité s’est transformée en honte ».
Quentin Tarantino a expliqué en octobre avoir été au courant depuis de longues années des agissements de Harvey Weinstein, maintenant accusé de harcèlement sexuel, agressions ou de viols par une centaine de femmes.
« J’en savais suffisamment pour réagir plus que ce que j’ai fait », a reconnu le réalisateur multi-oscarisé. « C’était plus que les rumeurs habituelles, les ragots. Ce n’était pas des +on dit+. Je savais qu’il avait fait plusieurs de ces choses », a-t-il ajouté.