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Sept mois après, Weinstein prêt à se livrer à la justice à New York

Sept mois après les premières accusations d’abus sexuels contre lui, l’ancien producteur de cinéma Harvey Weinstein va se livrer à la justice new-yokaise vendredi et être inculpé, ont annoncé jeudi plusieurs médias américains, à la joie de plusieurs figures du mouvement #MeToo.

 

 

Ni la police, ni le procureur de Manhattan n’ont confirmé ces informations. Aucun détail n’a été donné sur l’heure de son inculpation vendredi, qui devrait être suivie par des caméras du monde entier.

 

 

L’avocat de M. Weinstein, le célèbre Ben Brafman, qui avait obtenu l’abandon des poursuites contre Dominique Strauss-Kahn, alors patron du FMI, dans l‘affaire du Sofitel en 2011, a décliné tout commentaire.

 

 

Weinstein a toujours nié avoir eu des rapports sexuels « non consentis »

 

 

Depuis les premières révélations contre lui à l’automne 2017, plus d’une centaine de femmes, dont les actrices Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow, Rose McGowan ou Asia Argento, ont affirmé qu’il avait abusé d’elles sexuellement, des accusations qui vont du harcèlement au viol.

 

 

De nombreuses plaintes ont été déposées au civil, à New York et Los Angeles, mais son inculpation vendredi serait la première contre le producteur multi-oscarisé, exclu de l’Académie des arts et sciences du cinéma –qui décerne les Oscars– à la suite de ces accusations.

 

 

 

« Un pas vers la justice »

 

 

« J’avais perdu espoir de voir notre violeur rendre des comptes devant les tribunaux« , a déclaré Rose McGowan jeudi soir. « Aujourd’hui, nous avons fait un pas de plus vers la justice« .

 

 

 

« C’est super cathartique pour beaucoup de victimes« , a réagi Tarana Burke, fondatrice du #MeToo. « Nous assistons peut-être à un changement dans la façon dont les affaires de violences sexuelles sont traitées« .

 

 

 

Au fil des révélations publiées par le New York Times et le New Yorker –récompensés par le prix Pulitzer pour leurs enquêtes–, il est apparu que Weinstein –longtemps vénéré pour avoir promu un cinéma original incarné par des réalisateurs comme Quentin Tarantino– avait usé de son pouvoir pour obliger de jeunes actrices ou aspirantes actrices à céder à ses fantasmes sexuels, se faisant parfois aider par ses employés et achetant le silence de certaines victimes via des accords de confidentialité.

 

 

Selon certains médias, le producteur de 66 ans –qui a disparu dès les premières révélations le concernant, officiellement pour suivre un traitement contre les addictions sexuelles dans l’Arizona– devrait être inculpé vendredi à la fois pour viol, sur une femme dont le nom n’a pas été précisé, et pour avoir forcé une jeune actrice, Lucia Evans, à lui faire une fellation en 2004.

 

 

La police new-yorkaise avait dans le passé indiqué enquêter sur une accusation de l’actrice Paz de la Huerta, pour un viol présumé en 2010. Weinstein faisait aussi l’objet d’enquêtes à Los Angeles et Londres.

 

 

Une remise en liberté sous caution après l’inculpation vendredi aurait déjà été négociée avec ses avocats, moyennant un million de dollars de caution, le port d’un bracelet électronique, et la remise de son passeport, selon le New York Times.

 

 

 Effet Bombe

 

 

Depuis mars, la pression montait sur le procureur de Manhattan Cyrus Vance montait pour qu’il inculpe.

 

 

Le mouvement « Time’s Up« , fondé pour aider les victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles, avait notamment poussé le procureur de l’Etat de New York à lancer « un examen indépendant » des raisons pour lesquelles M. Vance n’avait pas encore engagé de poursuites.

 

 

Cet élu démocrate, très critiqué en 2011 pour avoir jeté l’éponge face à M. Strauss-Kahn, était accusé de reculer devant une bataille judiciaire difficile.

 

 

Car même si l’ancien producteur est inculpé vendredi, sa culpabilité est loin d’être acquise, d’autant que son avocat, réputé pour être un des meilleurs de New-York, « va se battre très dur », a expliqué l’avocate Julie Rendelman, spécialiste de ce genre d’affaires.

 

 

Les procureurs hésitent souvent à inculper, faute de preuves matérielles du non-consentement de la victime présumée, surtout pour une affaire qui remonte à plusieurs années.

 

 

Ils redoutent que la défense ne sape la crédibilité de l’accusatrice, comme ce fut le cas dans la saga judiciaire contre l’ex-légende de la télévision américaine Bill Cosby, jugé coupable d’agression sexuelle au terme d’un second procès fin avril.

 

 

Les informations sur une inculpation imminente sont sorties jeudi après que le Wall Street Journal eut annoncé que le procureur fédéral de Manhattan enquêtait désormais lui aussi sur des crimes sexuels présumés de Harvey Weinstein. Cela pourrait avoir convaincu Vance qu’il était temps d’agir.

 

 

Les révélations sur Weinstein ont eu l’effet d’une bombe, déclenchant le puissant mouvement anti-harcèlement #MeToo, qui a fait chuter ces derniers mois des dizaines d’hommes de pouvoir américains dans de nombreux secteurs, à commencer par le cinéma, les médias, mais aussi la mode, la musique ou la gastronomie.

 

 

 

Même si la bataille judiciaire ne fait que commencer, Weinstein est depuis longtemps déchu.

 

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