Ving ans après, l’ancien président Bill Clinton ne regrette rien de sa gestion de l’affaire Monica Lewinsky, malgré le #MeToo, ce qui lui a valu lundi une pluie de critiques.
Ce qui devait être une paisible tournée de promotion pour la sortie, lundi, de son premier roman, « The President is Missing » (Le président a disparu), co-écrit avec l’auteur à succès James Patterson, s’est transformé en polémique nationale à la faveur d’une interview diffusée par la chaîne NBC.
Interrogé sur Monica Lewinsky, qui fut son amante en 1995 et 1996 alors qu’elle était stagiaire à la Maison Blanche, Bill Clinton a ainsi révélé ne jamais s’être excusé personnellement auprès d’elle et ne pas avoir l’intention de le faire.
En février, Monica Lewinsky a écrit un témoignage, publié dans le magazine Vanity Fair, expliquant notamment qu’elle avait souffert de stress post-traumatique, lié à la médiatisation de sa liaison et à l’enquête du procureur spécial Kenneth Starr.
Après avoir longtemps affirmé que la relation était consentie, elle a expliqué que sa jeunesse à l’époque (22 ans) et la différence de statut entre elle, jeune stagiaire, et le président des Etats-Unis, rendaient l’idée même du consentement « discutable« .
« J’ai dit plus d’une fois publiquement que j’étais désolé« , a dit Clinton, visiblement mal à l’aise alors qu’il est communément considéré comme un tribun d’exception. « C’est très différent. Les excuses étaient publiques« . (Comme dans la vidéo ci-dessous).
« Ca fait 20 ans, allons! » a dit James Patterson, présent avec Bill Clinton pour l’interview, pour tenter de couper court. « Parlons de JFK. Parlons de LBJ« , en référence aux anciens présidents John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson, connus pour avoir eu de nombreuses liaisons extra-maritales. « Stop, maintenant ».
Throughout the 2016 election, Bill Clinton never had to talk at length about his previous scandals… that has now changed: NBC’s @CraigMelvin pushed him on #MeToo and whether his public apology to @MonicaLewinsky was enough.
A must watch: https://t.co/5FLBYN8ssD pic.twitter.com/7qm9H1TEAt
— David Ford (@ItsDavidFord) 4 juin 2018
« Durant la campagne 2016, Bill Clinton n’a jamais eu à parler en détail de ses scandales passés… Les choses ont changé« , a relevé le communiquant David Ford, sur Twitter.
« Stupide… mais osé!!! »
« Bill Clinton est précisément l’une des raisons pour lesquelles nous avons besoin du #MeToo », a commenté la journaliste et éditorialiste Courtney Enlow, également sur Twitter, où le mari d’Hillary Clinton était vertement critiqué.
Bill Clinton is one of the very many, very public reasons we need #MeToo. Lewinsky and the women in his life have had to answer for his actions, have faced attacks and harassment he has NEVER even approached. The world owes them apologies, but at the VERY least he does. https://t.co/xwQ24G5F7S
— Courtney Enlow (@courtenlow) 4 juin 2018
« J‘apprécie le mouvement #MeToo« , a néanmoins déclaré le démocrate de 71 ans, estimant même qu’il « aurait dû arriver avant ». Pour autant, « cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec tout. Je m’interroge sur certaines décisions qui ont été prises », a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Lors de l’entretien, Bill Clinton a affirmé que, s’il avait été président aujourd’hui, en pleine ère #MeToo, il n’aurait pas réagi différemment à la révélation de sa liaison et aux accusations de l’époque, qui l’avaient mené tout près de la destitution.
« Personne ne pense que je m’en suis sorti indemne. J’ai quitté la Maison Blanche avec 16 millions de dollars de dettes », a déclaré celui qui fut chef de l’Etat de 1993 à 2001, vraisemblablement en référence aux frais de justice qu’il a dû engager pour sa défense, même s’il ne le précise pas.
Did Bill Clinton just #metoo Monica Lewinsky??? I (almost) have no words… Props for always being ahead of the curve as the first male to publicly somehow claim victim-hood from his actions against women. Balsy! Stupid… but balsy!!! https://t.co/Fvn7Cp3OmP
— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) 4 juin 2018
Dans un tweet ironique, Donald Trump Jr, fils du président actuel, a salué les déclarations de Bill Clinton, « le premier homme à se poser en victime pour ses actions contre les femmes. Osé! Stupide… mais osé!!! »