Interview de Lana Del Rey : « J’étais bloquée dans le passé »

Lana Del Rey s’affiche tout sourire sur la pochette de son nouvel album, « Lust For Life ». Un opus teinté d’espoir, dans lequel sa voix envoûtante célèbre l’amour, l’avenir de l’Amérique et la liberté. La chanteuse de 32 ans en aurait-elle fini avec ses vieux démons ? Rencontre en exclusivité, toujours avec le sourire.

 

 

 

 

 

La Rédaction: On vous retrouve optimiste et déterminée avec Lust for Life, qui signifie littéralement « soif de vivre ». Quel a été le déclic ?
Lana Del Rey : Depuis la sortie de « Video Games » il y a six ans, je chante à propos de moi. Il m’a fallu plus de temps que la plupart des gens pour évoluer. Du lycée à aujourd’hui, il s’est passé beaucoup de choses ! Quand j’ai commencé cet album il y a un an et demi, je me suis sentie davantage observatrice, plus à l’écoute des autres. Et puis le changement de président aux Etats-Unis a créé un chaos impossible à ignorer.

 

 

 

 

 

D’où vos tout premiers titres engagés : « God Bless America » et « When the World Was At War We Kept Dancing »…
Oui, ce sont mes chansons les plus intentionnelles. J’ai commencé l’album avant les élections et les Women’s March, mais quand c’est arrivé, j’ai été choquée comme tout le monde. Sur « When the World Was At War We Kept Dancing », je chante « is it the end of America ?« … Je n’étais pas sûre de mettre ce titre sur l’album parce que je n’aime pas m’entendre poser la question. J’adore l’idée de l’Amérique. mais l’interrogation était inévitable.

 

 

 

 

 

C’est aussi la première fois que vous sortez des duos, avec The Weeknd, A$ap Rocky, Sean Lennon… Comment est née cette envie ?
Je voulais mettre un peu de feu dans l’album avec quelques musiques sexy. A$ap Rocky et Abel (The Weeknd, ndlr) sont les deux personnes que je connais le mieux dans la musique. Ils ont le pouvoir de rendre un son sexuel juste avec leur assurance. Ils apportent de la luminosité à Lust for Life. J’ai aussi voulu collaborer avec Sean Lennon parce qu’il représente l’amour rien que par son héritage.

 

 

 

 

 

 

On vous entend déjà sur l’album Beauty Behind the Madness de The Weeknd, sorti en 2015. Vous vous connaissez bien ?
On s’est rencontrés en 2011. Il a été l’un des premiers chanteurs un peu connus à parler de ma musique, à la partager sur son Tumblr, sur Twitter… Je suis certaine que « Blue Jeans » et « Video Games » ont fini par passer à la radio grâce à lui. Si je faisais un duo, il voulait être le premier. Quand je l’ai appelé pour lui annoncer que j’envisageais d’avoir des collaborations sur l’album, il a immédiatement débarqué.

 

 

 

 

 

 

 

Quelle est votre titre préféré sur Lust for Life ?
J’adore « Summer Bummer », le duo avec Rocky, que j’écoute en voiture. Et « Get Free » est très importante pour moi parce qu’elle amorce un changement de direction…

 

 

 

 

 

 

 

Dans vos deux derniers clips, on retrouve votre touche vintage, mais avec un twist science-fiction, presque mystique. Alors que les gens vous imaginent comme une icône du passé, vous vous révélez tournée vers l’avenir…
Je suis mystique dans l’âme. L’histoire de l’ésotérisme et de la magie me parle. J’aime l’idée d’être sur la Lune pour Love ou dans une ambiance futuriste pour le clip de White Mustang, qui va bientôt sortir. C’était important de marquer symboliquement que je vais de l’avant. J’ai consciemment voulu orienter ma vie vers le futur. Ce renouveau devait aussi être allégorique. C’est amusant comme de nouvelles images vous apparaissent quand votre vision des choses évolue. Je me rends compte que j’étais bloquée dans le passé. Je n’aurais jamais pensé à ces univers il y a quelques années.

 

 

 

 

 

Dans « Summer Bummer », vous chantez « il n’est jamais trop tard pour être celle que vous voulez être ». On peut dire que vous y êtes parvenue ?
Je suis fière de la personne que j’étais et de celle que je suis devenue. La vie reste un défi, qu’on soit célèbre ou pas. Je me suis demandé un million de fois comment j’allais surmonter certaines épreuves. J’ai le sentiment d’avoir fait plus que de mon mieux à chaque fois. C’est ce qui me rend fière.

 

 

 

 

 

Transformer la discrète Lizzy Grant en Lana Del Rey, icône tatouée aux ongles longs et aux cheveux bombés, vous a aidée ?
Oui… Même si je pense que je vais faire enlever mes tatouages. Je n’aime plus les plus foncés ! (Elle en montre des très discrets sur ses avant bras et au niveau de ses clavicules) : Ceux-là sont signés Mark Mahoney, une de mes personnes préférées sur Terre. Il est une grande inspiration pour moi, il apparaît d’ailleurs dans deux de mes clips : Shades of Cool et West Coast. Pour mes ongles, vous avez remarqué ? Ils ne sont même pas faits ! Je suis montée sur scène avec des ongles à moitié manucurés ! C’est là que je me suis dit « t’as vraiment changé, t’es une épave » (rires).