L’émission « J’ai quelque chose à te dire » du 14 octobre, présentée par l’animateur Alaa Chebbi sur la chaîne privée El Hiwar Ettounsi, n’a pas respecté la dignité de cette Tunisienne présentée comme ayant 18 ans mais qui en avait en réalité 17, a affirmé la Haica dans un communiqué. « Elle était sexuellement agressée par trois de ses proches depuis ses 14 ans et elle était enceinte de l’un d’eux au moment du tournage », selon cette instance indépendante chargée de réformer et de réguler le paysage audiovisuel.
Or le présentateur a « mis en doute le viol » et « fait porter à l’enfant la responsabilité de ce qui s’est passé ». Il l’a également « appelée à se marier avec son violeur (…), ce qui constitue une incitation à l’impunité, sans compter l’impact sur la psychologie de l’enfant et le sentiment de culpabilité que cela provoque en elle », a dénoncé la Haica.
L’instance a donc décidé « la suspension de la diffusion de l’émission +J’ai quelque chose à te dire+ pendant trois mois » à compter de mercredi.
Très regardé, le programme a fait scandale en Tunisie, où un appel au boycott a été lancé sur les réseaux sociaux. L’instance de l’audiovisuel a elle-même été visée pour sa réaction jugée tardive, avec le mot-dièse #où_est_la_Haica. Le site d’information Nawaat a fustigé Alaa Chebbi, « symbole de l’animateur délinquant » qui « continue à bafouer la déontologie journalistique et les principes universels des droits humains ».
Le célèbre animateur a en effet déjà été accusé par le passé de banaliser les violences faites aux femmes, ainsi que de voyeurisme et d’homophobie.