Samedi 25 juin, quelques heures après la rupture du jeûne. Une dizaine de manifestants se sont rassemblés devant le siège du Parlement à Rabat pour dénoncer l’article 222 du code pénal qui punit les « déjeûneurs musulmans de ramadan » par des peines d’emprisonnement et des amendes. Tenue à l’appel du « Mouvement progressiste pour une société libre et une patrie pour tous », la manifestation a vu des voix s’élever et exiger l’abrogation de cet article afin de respecter les accords internationaux insistant sur la liberté de conscience et les libertés individuelles.
Plusieurs mouvements comme « Akaliat », « Tanwir », l’AMDH et la mouvance amazighe ont pris part à ce sit in où les militants se sont accordés sur un seul point: incriminer les déjeûneurs est une loi « terroriste » qui autorise tout élément de la société à juger autrui. « Marocains pas musulmans », « L’article 222 out! », « les procès religieux n’existent pas dans un pays démocratique de droits de l’Homme » ou encore « Boire et manger est un droit élémentaire »… les manifestant ont su rivaliser de slogans, suscitant la curiosité des passants qui n’ont pas hésité à poser des questions au sujet du rassemblement.
Cité par le quotidien « Akher Saâ » dans sa livraison de ce lundi 27 juin, un activiste politique présent pendant la manifestation a pointé du doigt l’Etat au sujet des arrestations de déjeûneurs pendant le mois sacré dans plusieurs villes du Maroc. « Ces agissements absurdes touchent aux libertés individuelles de ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions religieuses que la majorité. Certaines parties souhaitent balayer toutes les avancées du Maroc en matière des droits de l’Homme pour le réinstaller dans une époque où seule l’oppression est le maître mot », déplore-t-il.
Même son de cloche pour Ahmed El Hayej, président de l’AMDH, qui estime que l’article 222 brise tous les progrès de la justice marocaine, de son nouveau code pénal et de tous les accords internationaux de l’Etat en matière de droits de l’Homme.
Autrefois sévère à l’égard de telles sorties, le ministère de l’Intérieur a, cette fois, laissé faire. D’après des sources du quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 27 juin, l’intérieur aurait permis aux déjeuneurs de manifester librement parce que le sit in a été organisé après la rupture du jeûne et pas durant la journée comme les autres fois où les manifestants, accusés de provocation, ont dû faire face à des réactions musclées.