La femme de chambre, de nationalité guinéenne, avait rapporté avoir été victime d’attouchements sexuels le 27 juillet 2010 dans la chambre d’un membre de la délégation du prince Al Thani de l’émirat du Qatar. Elle avait été retirée du planning de l’hôtel Park Hyatt en septembre 2010 puis licenciée en janvier 2011 pour « refus de mutation » après plusieurs arrêts de travail pour « état de stress post traumatique » et une tentative de suicide.
Dans une décision rendue début août et notifiée il y a quelques jours, les Prud’hommes — une juridiction civile composée à parité de représentants de salariés et d’employeurs — condamne le palace et son prestataire, la Société française de services, à verser solidairement 20.000 euros de dommages et intérêts à l’ex-salariée pour le préjudice subi du fait de l’agression sexuelle et le « non-respect de l’obligation de prévention du harcèlement sexuel ».
Le licenciement de la jeune femme est également jugé « sans cause réelle et sérieuse » et « constitutif d’une discrimination ». Pour ces faits, seul l’employeur légal, c’est-à-dire la Société française de services, est condamné.
L’hôtel est en outre spécifiquement épinglé pour « faute », en l’espèce n’avoir « pas cru devoir prévenir la police le soir-même de l’agression, ce qui a facilité la fuite de l’agresseur ».
Au total, le montant des indemnités et dommages et intérêts dus à l’ex-salariée dépasse 57.000 euros.
« Nous avons réussi à faire condamner le donneur d’ordre, reconnu employeur de fait, c’est une première en matière de harcèlement sexuel », s’est réjouie auprès de l’AFP Me Maude Beckers, l’avocate de l’ex-salariée.
Le palace a annoncé à l’AFP son intention de faire appel. « Le Park Hyatt est en total désaccord avec le jugement rendu (…) qui repose sur de multiples contre-vérités », a réagi Michel Jauslin, responsable France des hôtels Hyatt et à l’époque directeur général de l’établissement Paris-Vendôme.