Doria Shafik est née le 14 décembre 1908 à Tanta, dans la région du delta du Nil. C’est une célèbre féministe, philosophe, poète et éditrice égyptienne. Elle a été l’une des principales meneuses du mouvement de libération des femmes en Egypte. Son engagement a eu pour effet direct le droit de vote aux femmes en Egypte.
De l’étudiante brillante à la femme engagée
À seize ans, elle devient la plus jeune égyptienne à obtenir son baccalauréat français, ce qui lui valu une bourse d’étude du ministère égyptien de l’Education pour poursuivre ses études en France. Arrivée à Paris, elle décroche une licence puis un doctorat en philosophie à l’université de la Sorbonne. Durant son cursus, elle présentera deux thèses : « l’Art pour l’art dans l’Egypte antique » et « La femme et le droit religieux de l’Egypte contemporaine ». Elle obtient son doctorat avec mention très honorable. En 1940, elle retourne dans son pays natal dans le but d’y enseigner les lettres à l’université du Caire, le doyen lui refuse le poste sous prétexte qu’elle est « trop moderne ». En 1945, la princesse Shivakiar, épouse du roi Fouad 1er, lui offre le poste de rédactrice en chef du magazine culturel « La Femme Nouvelle ». A la mort de la princesse, Doria récupère la direction du magazine. La Femme Nouvelle acquiert une portée régionale. Toujours en 1945, elle lance l’Union des filles du Nil. Et en 1948, elle décide de publier un magazine arabe «Bint Al Nil» (la fille du Nil) destiné à éduquer les égyptiennes et les aider à avoir le rôle le plus efficace possible au sein de leur famille et en société.
Ses actions politiques
En 1951, elle décide de contribuer aux efforts visant à débarrasser l’Égypte de l’occupation britannique en créant la première unité militaire féminine qui rassemble 2 000 femmes, qu’elle prépare pour le front et à mener des activités de soins infirmiers.
En 1954, elle entreprend une grève de la fin de huit jours au syndicat de la presse, pour protester contre l’absence de femmes au comité constitutionnel. Elle reçoit le président Naguib, qui s’engagera à l’écrit à respecter les droits des femmes dans la constitution.
À la suite du combat de Doria Shafik pour les droits des femmes, celles-ci obtiennent le droit de vote, en vertu de la constitution de 1956, à condition qu’elles soient alphabétisées, ce qui n’est pas une condition nécessaire pour le vote masculin.