Une militante pour la défense des droits humains en Egypte, arrêtée et détenue depuis septembre pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel dans ce pays, a été libérée hier, a annoncé son mari.
Âgée de 34 ans, Amal Fathi avait été arrêtée en mai pour « diffusion de fausses informations » après avoir partagé sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle elle avait critiqué le manque d’action des autorités face au harcèlement sexuel que subissent les Egyptiennes.
Mère de famille, Mme Fathi avait été arrêtée et placée en détention avant d’être condamnée à deux ans d’emprisonnement avec sursis dans cette affaire.
Elle avait été ensuite maintenue en détention dans le cadre d’une autre affaire dans laquelle elle est poursuivie par le parquet de la Sécurité d’Etat pour « appartenance à un groupe terroriste » et « diffusion de fausses informations ».
La semaine dernière, la justice égyptienne avait ordonné sa libération conditionnelle dans le cadre de cette deuxième affaire.
« Elle est sortie aujourd’hui » de prison, a indiqué jeudi à l’AFP son mari Mohamed Lotfy, lui-même militant des droits de l’homme.
Le 30 décembre, une cour d’appel doit se prononcer sur le premier jugement relatif à l’affaire de la vidéo dénonçant le harcèlement sexuel. La justice pourrait cette fois la priver du bénéfice du sursis décidé en première instance, selon son mari.
« Dans aucune des deux affaires, elle n’est innocentée », a-t-il souligné.
Mme Fathi était peu connue avant son arrestation, à l’inverse de son mari. Activiste des droits de l’homme de nationalité suisse et égyptienne, M. Lotfy dirige au Caire la Commission égyptienne des droits et libertés, recensant notamment les disparitions forcées.
Il a reçu le 18 décembre le prix franco-allemand des droits de l’Homme et de l’Etat de droit lors d’une cérémonie à l’ambassade de France en Egypte.
Les ONG égyptiennes et internationales accusent régulièrement l’Egypte d’utiliser la lutte anti-terrorisme pour réprimer les voix dissidentes.
Depuis la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi à l’été 2013, les organisations de défense des droits de l’homme accusent régulièrement l’Egypte de graves violations.
Selon une étude de l’ONU publiée en 2017, quelque 60% des femmes ont été victimes de harcèlement en Egypte, où elles sont confrontées aux remarques obscènes voire aux attouchements.
En septembre, l’ONG Amnesty International avait qualifié la condamnation de Mme Fathi de « scandaleuse », estimant qu’elle avait simplement « eu le courage de dénoncer le harcèlement sexuel ».
Un grand mouvement de solidarité sur les réseaux sociaux s’était alors manifesté pour soutenir l’accusée.
[L’œil de Glez] : affaire Amal Fathi, du harcèlement sexuel au harcèlement politique#Egypte #AmalFathi #harcelementhttps://t.co/EfVX1E22Iu pic.twitter.com/M5J53zP04w
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) May 15, 2018
Aderisco nuovamente alla staffetta, domani 19 giugno digiunero' con gli altri amici che parteciperanno #amalfathi libera giustizia e #veritapergiulioregeni non molleremo mai non vi lasceremo soli#FreeAmalFathy @GiulioSiamoNoi pic.twitter.com/pl84rVRVmm
— Simo Grs (@GrassiSimonetta) June 18, 2018
Only in #Egypt, if you speak out as a survivor, you’re the one who will be punished, not the perpetrator. #AmalFathi and many others … #HumanRights https://t.co/R19wrRIuJE
— Bahey eldin Hassan (@BaheyHassan) August 25, 2018