Des cloches d’églises et des chants grégoriens ont résonné dimanche à Milan pour une grande messe dont les prêtres, où les dieux, n’étaient autre que Domenico Dolce et Stefano Gabbana.
Le défilé, clou de cette dernière journée de la semaine de la mode milanaise, a tenu en haleine ses fidèles pendant une bonne heure avant de débuter dans la salle du Metropol, ancien cinéma des années 40 devenu quartier général de la maison à Milan, transformé en église pour l’événement.
Sur l’encadrement en marbre recouvert d’anges qui surplombe le podium, la devise « Fashion Devotion » annonçait le programme. Un message que les convives du défilé avaient déjà pu lire sur l’invitation rose reçue quelques jours plus tôt représentant les deux stylistes en petits « putti » (enfants nus dans la peinture italienne) volant au milieu d’autres anges nus.
Comme les voix de la mode sont impénétrables, l’assistance était priée d’éteindre le wifi de ses appareils électroniques personnels. Difficile de mettre au diapason une salle pleine. Les techniciens du spectacle, vêtus de chemises blanches de scientifiques et armés d’ordinateurs pour contrôler l’état de la connexion, ont exhorté les mauvais élèves à suivre les instructions.
Le suspense, et un peu d’impatience, était donc à son comble lorsque le spectacle a commencé dévoilant en lieu et place des mannequins, un ballet d’une dizaine de drones. Volant au dessus de la passerelle et tenant des sacs à main de la marque, ces drones accessoirisés de petites caméras filmaient le public.
Des images retransmises en direct sur des écrans géants placés autour des estrades et sur les réseaux sociaux de la marque. Le « modeux » -filmeur compulsif avec son téléphone portable- à son tour filmé se retrouvait donc dans une drôle de mise en abyme.
Les mannequins ont ensuite pris le relais sur le podium dévoilant une collection où les références religieuses sont omniprésentes : des anges et des madones s’étalent en riches broderies dorées et colorées sur les vestes, les bombers, les robes, les manteaux, les sacs, les chapeaux.
Les devises de la religion D&G ornent toute la collection : « Fashion Devotion« , « Fashion is beauty« , « D&G Heaven« , « Santa Moda« , « Power » dans des typographies tantôt classiques, tantôt pop.
Froufrou, dentelles, strass, broderies, perruques, jean, velours, plumes, exubérance de bijoux… tout y est dans cette collection d’une richesse débridée.
L’Olympe de Dolce et Gabbana est aussi peuplé d’animaux avec des looks qui permettent aux femmes de leur vouer un culte en se déguisant littéralement en zèbre ou en léopard.
« Nous sommes tous pécheurs de mode et les femmes en sont les plus grandes dévotes » ont déclaré les deux stylistes à l’issue du défilé, visiblement amusés d’avoir fait le show.