Cet automne, le premier Musée Yves Saint Laurent ouvre ses portes à Paris. Un projet vibrant, le dernier mené à bien par Pierre Bergé, qui met en lumière un immense patrimoine. L’homme, sa couture, sa maison, sa vie : incursion au cœur de ce sanctuaire siglé YSL.
Si les murs du 5, avenue Marceau pouvaient parler, il y a fort à parier qu’ils seraient intarissables. C’est précisément entre eux que, de 1974 à 2002, Monsieur Saint Laurent et son équipe ont donné vie aux visions de couture qui ont fait de sa maison une légende. Après avoir longtemps été le siège de la Fondation Bergé-Saint Laurent, le lieu rouvre ses portes sous le nom de Musée Yves Saint Laurent en vue de devenir la vitrine de l’immense héritage du couturier. Un parcours de mode comme de vie.
Dévoiler l’œuvre Saint Laurent
« L’œuvre d’Yves Saint Laurent est immense. On peut tirer le fil de l’art, celui de l’histoire de la mode, des écrivains, il y a mille inspirations, je pense qu’on en a pour des années. » s’enthousiasme Olivier Flaviano, directeur du musée. Il a bien entendu fallu faire un choix pour les équipes qui ont porté le projet. Au rez-de-chaussée, les pièces mythiques accueillent les visiteurs. Robe Mondrian ou Matisse, smoking et saharienne plantent le décor, quand, dans un second temps, au premier étage, on peut découvrir des silhouettes moins connues traduisant la fascination du maître pour différentes époques de l’histoire. Si l’équilibre entre redécouverte et découverte est trouvé, il n’est pas pour autant figé. L’exposition permanente n’est pas si permanente : « Du fait de la nécessité de préserver les tissus et par souci de renouvellement, il va y avoir plusieurs rotations, Tous les six mois, nous allons changer totalement les pièces exposées. S’ensuivront également des expositions temporaires thématiques. » explique Leslie Veyrat, chargée des collections textiles.
Quarante ans de vestiaire archivés
Le foisonnement des collections offre beaucoup de matière aux conservateurs du Musées Yves Saint Laurent. Ce legs est rare, dans un domaine comme la mode qui n’a pas toujours été traité comme un art précieux, à part par Monsieur Saint Laurent. Singulière mais heureuse manie, à la différence de ses pairs, il prend soin, dès ses débuts en 1964, d’archiver ses modèles. Puis, dans les années 80, il embauche un conservateur pour les organiser, s’inscrivant dans une démarche de conservation menée à terme par Pierre Bergé. « En 2002, quand Yves a décidé d’arrêter son métier, j’ai décidé de mon côté de transformer nos souvenirs en projet. Mais pour le faire, il faut avoir des souvenirs. Nous sommes plein de souvenirs, au nombre de 5 000 vêtements, 100 000 croquis et d’autres choses innombrables. » déclarait-il lors de la conférence de presse du 14 juin 2017. Parmi ces « innombrables souvenirs », le 5 avenue Marceau constitue un trésor patrimonial aujourd’hui mis en lumière par le musée.
Yves Saint Laurent entre ses murs
En janvier 2016, la Fondation Bergé-Saint Laurent annonçait la création de deux musées, un à Paris et un à Marrakech, ville d’adoption du couple. A la différence de ce dernier (pensé comme un espace culturel au sens large), l’établissement parisien possède la lourde tâche de faire perdurer l’héritage de la maison de couture Yves Saint Laurent. L’hôtel particulier qui l’a vu vivre durant quatre décennies se devait de lever le voile sur sa trépidante vie. Défi relevé, du début à la fin de la visite. « Le salon de couture du rez-de-chaussée a été laissée tel quel, les cabines d’essayage d’origine ont été transformées en vestiaire mais le reste est dans son jus, jusqu’à la moquette » explique Leslie Veyrat, chargée des collections textiles. Difficile d’imaginer le vrombissement des deux cent âmes qui œuvraient ici, mais six mini documentaires pertinents, à l’écoute à l’entresol, éclairent sur l’ambiance de travail de l’époque. Avant de grimper découvrir le clou du spectacle.
Le studio : alpha et omega de la maison
Rendez-vous au premier étage pour franchir le pas du jadis impénétrable studio de création. Des croquis aux échantillons de boutons en passant par les lunettes et les bibelots personnels placés sur le bureau du couturier (celui-là même qui l’accompagne dès 1962), la pièce rectangulaire semble être restée intacte. Le secret d’un tel réalisme ? Le musée a fait appel à d’anciennes assistantes pour recréer le studio, écrin de l’effusion créative de la maison. « C’était émouvant de voir à quel point elles se prenaient au jeu, elles ont même cherché chez elles des archives et apporté des éléments : un croquis, un répertoire qui a été utilisé à l’époque ». relate Olivier Flaviano. Alors que les deux acteurs majeurs de cette épique aventure de mode nous ont aujourd’hui quittés, dans le reflet du grand miroir, on ne s’étonnerai pas de voir apparaître Yves Saint Laurent et Pierre Bergé.
Informations pratiques :
Musée Yves Saint Laurent,
ouvert du mardi au dimanche à partir du 3 octobre 2017
5 avenue Marceau, 75016 Paris
Site : museeyslparis.com
et Musée Yves Saint Laurent Marrakech,
dès le 19 octobre
rue Yves Saint Laurent, 40 000 Marrakech
Site : www.museeyslmarrakech.com
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