Le sado-masochisme fait de plus en plus d’émules au Maroc

Longtemps considéré comme une pratique déviante, le sadomasochisme est aujourd’hui devenu tendance, même chez nous. Au Maroc, les adeptes de cette pratique sexuelle utilisent les réseaux sociaux pour des rencontres afin d’assouvir leurs désirs.

Longtemps considéré comme une pratique déviante, le sadomasochisme est aujourd’hui devenu tendance, même chez nous. Au Maroc, les adeptes de cette pratique sexuelle utilisent les réseaux sociaux pour des rencontres afin d’assouvir leurs désirs.

Kalb labnate (Chien des filles, NDLR), Kalb lalla (chien de lalla)…Derrière ces faux profils, se cachent des personnes pour qui plaisir rime avec douleur. Pour se reconnaître entre eux, les « sadiques » utilisent des surnoms comme « Misters » pour les hommes et « Sultanes » pour les femmes. A noter que la plupart du temps, ils utilisent des surnoms dévalorisants tels que « Chien” pour les hommes et « Soumise » pour les femmes. Certains aiment piétiner leurs « chiennes », d’autres être ligotés et obéir aux ordres de leur maîtresse.

Si ces pratiques révulsent ou choquent de nombreux Marocains, ils sont pourtant plusieurs centaines à adhérer à ces groupes fermés de sado-masos sur Facebook et partagent, sans sourciller, leurs fantasmes les plus fous.

Immersion

Pour mieux connaître le monde à part, Youssra O., journaliste stagiaire à Assabah, a décidé de se prêter au jeu en se faisant passer pour une « sadique ». Dans le quotidien daté du mercredi 23 janvier, elle raconte comment elle a réussi à prendre rendez-vous avec un « soumis » dont elle ne connaissait que le surnom sur Facebook, mais qui était ravi d’être son « chien ».

Pantalon en cuir, talons et cheveux attachés en arrière, Youssra O. se déguise en femme fatale. Une fois face à son « soumis », elle n’hésite pas à le gronder, ce qui semble plaire à son interlocuteur. Elle lui pose subtilement plusieurs questions pour s’informer sur ses tendances. L’homme, âgé de 28 ans, est ingénieur et a belle allure. « Je veux une femme dominante, sévère, qui m’insulte et me punit tout le temps, me traite comme un insecte… Qui me crache à la figure ou me gifle devant les gens », confie-t-il à Youssra O. Et de poursuivre: « Je veux lui lécher les doigts des pieds et j’aimerai qu’elle me viole. En contrepartie, j’effectuerai toutes les tâches ménagères et lui achèterais tous les cadeaux qu’elle désire ».

Déconcertée, la journaliste lui demande alors si cette tendance avait un quelconque rapport avec son enfance. Il lui répond qu’au contraire son enfance était très joyeuse… «Il m’a confié qu’il s’est mis au tout début à lécher les talons de sa mère et de ses amies, et qu’il imaginait tout le temps ces dernières en train de lui marcher sur le dos », souligne-t-elle.

De son côté, le psychiatre Jaouad Mabrouki explique à Assabah que le sado-masochisme pourrait être lié à plusieurs facteurs. Parmi eux, des abus sexuels subis à l’enfance, ou encore des coups assénés par des parents qui « auraient surpris leur enfant en train de se masturber ». « En grandissant, le sado-maso associe alors le plaisir sexuel à la violence », explique le psychiatre.