Il y a un an, Kamel Daoud a été invité à passer une nuit au musée. Durant cette nuit est né « Le peintre dévorant la femme », un essai qui inaugure la collection « Ma nuit au musée », et qui raconte la rencontre de l’auteur avec l’exposition « Picasso 1932. Année érotique ».
« Je suis un “Arabe” invité à passer une nuit dans le musée Picasso à Paris, un octobre au ciel mauvais pour le Méditerranéen que je suis. Une nuit, seul, en enfant gâté, mais en témoin d’une confrontation possible, désirée, concoctée. J’appréhendais l’ennui cependant, ou l’impuissance.
Pour comprendre Picasso, il faut être un enfant du vers, pas du verset. Venir de cette culture-là, sous la pierre de ce palais du sel, dans ce musée, pas d’une autre. Pourtant la nuit fut pleine de révélations : sur le meurtre qui peut être au cœur de l’amour, sur ce cannibalisme passionné auquel l’orgasme sursoit, sur les miens face à l’image et le temps, sur l’attentat absolu, sur Picasso et son désespoir érotique»
À travers son nouvel essai, Kamel Daoud contemple des œuvres de Piccaso, témoins de la passion que vivait le peintre avec sa jeune maîtresse Marie-Thérèse. Il en profite pour parler des religions, du nu, et de l’érotisme qu’il considère comme « une clef dans sa vision du monde et de sa culture ». Il établit également un parallèle entre le statut du corps et de l’érotisme dans les sociétés musulmanes et occidentales. Il profite également de cet essai pour analyser l’érotisme chez Picasso. Pour Daoud, l’érotisme chez Picasso est un rite de chasse. Quand Picasso peint le nu, il « dévore la femme ».
Kamel Daoud, né le 17 juin 1970 à Mostaghanem, en Algérie, est un écrivain et journaliste algérien d’expression française. Il est auteur de plusieurs nouvelles et romans, dont « Zabor ou les psaumes » et « Minotaure 504 ». Il a obtenu le prix Goncourt du premier roman en 2015 pour son ouvrage, Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), considéré comme étant une suite à l’un des plus grands classiques de la littérature française contemporaine, L’Étranger de Camus.