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Ma vie de rêve aux temps du coronavirus

Vendredi 20 mars 2020. Je me réveille avec des chants d’oiseaux. Quelqu’un leur a dit que c’était la journée du bonheur aujourd’hui? A Casablanca, depuis ma terrasse, je vois le soleil se lever doucement, des palmiers fleurir ici et là. je lève la tête, j’aperçois un ciel bleu, pur, clair, limpide; il parait que la nature reprend ses droits depuis que le Coronavirus nous a tous cloués à la maison. Je remercie l’univers de m’offrir un aussi beau spectacle avant de rejoindre les miens dans la joie et la bonne humeur.

Non, je plaisante. Depuis mon balcon, je vois des immeubles sales, des paraboles rouillées, et les rues désertes me foutent le cafard. Je suis tout le temps parano. Je me lave les mains 109388748 fois par jours et à ce rythme, mes empruntes vont disparaître dans quelques minutes. Mes apéros se font désormais à coups de shots de gel hydroalcoolique. Mes mains sentent l’eau de javel. Mes fesses commencent à s’aplatir et j’ai déjà fini mon stock de chocolat, de cookies et de chips.

Oui, je mange toutes ces cochonneries parce que c’est tout ce qui me reste comme plaisir dans la vie. Ca, les films et les câlins. Mais tout le monde n’a pas cette chance-là, celle d’avoir un toit pour se protéger d’une contamination, de pouvoir continuer à travailler à distance, d’être confiné avec la personne de leur choix, d’avoir du wifi haut débit, ni même une terrasse pour respirer de temps en temps.

Derrière ces fenêtres barricadées, j’imagine, durant mes heures perdues- et j’en ai beaucoup en ce moment- des couples qui se détestent et qui sont condamnés à s’aimer tout à coup; des femmes qui reçoivent, en silence, les coups de leur conjoint; des personnes qui vivent seules, loin de leur famille et qui se retrouvent isolées du jour au lendemain dans un pays étranger, sans argent. Je pense aux personnes qui se retrouvent sans travail, ou celles, qui sont sommées par leur patron de continuer à se rendre au bureau alors que le monde est en train de s’écrouler.

Je pense aussi aux SDF qui n’ont nulle part où aller. Aux personnes âgées plus fragiles que le reste de la population. Je pense à mes parents. Et j’ai peur. Je ne veux pas les perdre. Pas maintenant. Pas à cause d’un virus que personne ne prenait au sérieux, pas à cause de mon égoïsme et mon envie d’être tout près d’eux, pas à cause non plus de personnes qui n’auraient pas été assez précautionneuses pour garder la bonne distance avec eux.

« Ca ne va pas m’empêcher de vivre »: cette attitude a mis des pays dans le pétrin. En France, les hôpitaux débordent, les morts s’entassent un peu à cause de l’égoïsme et du manque de civisme des gens. Un pays comme l’Italie, qui a un très bon système de santé a été dépassé par la propagation du Coronavirus parce les mesures nécessaires et fermes n’ont pas été prises à temps.

Alors oui, j’ai peut-être un peu paniqué. Mais je préfère encore passer pour une peureuse que d’être une inconsciente. Je suis peut-être devenue maniaque et je vais probablement prendre au moins 7 kilos d’ici la fin du confinement mais qu’est ce qu’on s’en fout. La bonne nouvelle, c’est que l’Etat marocain s’est montré exemplaire durant cette crise. Il a pris des décisions intelligentes et visionnaires, contrairement à d’autres pays. Soyons à la hauteur de ces efforts, restons chez nous, gros, moches et poilus mais unis et aimants. Ça va aller.

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