Nourriture bio, produits sans gluten, sans lactose ou encore détox, activités sportives aux thérapies psychologiques, soins anti-âge… Le bien-être n’a jamais été autant à la mode. Retour sur une tendance devenue phénomène.
Alors que la plupart d’entre nous vivons à cent à l’heure et dans un état de stress permanent, la quête du bien-être a petit à petit réussi à se faire une place de choix dans notre mode de vie. En effet, l’envie de souffler et de se vider la tête après une longue journée de travail et de prendre du temps pour soi se fait de plus en plus ressentir. Aussi, dans une société de plus en plus matérialisée et digitalisée, le retour au naturel devient vital. Face à cette forte croissance de la demande, l’offre s’est adaptée à ces nouveaux besoins, faisant du bien-être un marché très porteur.
Le marketing du bien-être
Depuis quelques années, le marché du bien-être s’est internationalisé et a connu un véritable boom il y a 6-7 ans. D’après une étude réalisée en janvier 2017 par The Global Wellness Institute, le secteur du bien-être a enregistré une croissance de 10,6 % entre 2013 et 2015, et équivaut aujourd’hui à plus de 3,72 billions de dollars au niveau mondial, ce qui représente 5% de la production économique mondiale. Un secteur en pleine expansion, qui croît rapidement et qui semble être l’un des marchés les plus prometteurs pour les prochaines années. Mais qu’est-ce que le bien-être ? D’après la définition donnée par le Larousse, il s’agit d’un «état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit». Ainsi, la quête du bonheur passerait-elle par la recherche du bien-être ? Dans l’optique de décompresser, de nouvelles pratiques, arrivées tout droit d’Asie, envahissent notre quotidien, destinées à renouer avec son « soi intérieur » et reconnecter son esprit et son corps. Tai-Chi, Yoga, Qi Gong et autres pratiques censées nous faire retrouver la paix intérieure s’invitent alors à notre routine. Dans les salles de sport, sur Internet, dans les médias, on ne cesse de vanter les mérites de ces sports et les professionnels de ces disciplines se font de plus en plus nombreux.
Outre les activités physiques, la recherche du bien-être passe également par la santé et donc par l’alimentation. De nouveaux modes de consommation émergent alors : jus détox, smoothies, produits sans gluten, sans lactose, fruits et légumes bio, salades de chou kale, sushis, ingrédients peu caloriques, bonnes graisses… On se tourne de plus en plus vers des aliments réputés « sains ». L’objectif ? Se sentir aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Le bien-être coûte cher
Mais il semblerait que le bien-être ait un prix. En effet, tous les produits bio ou sans gluten sont deux fois plus chers que des produits normaux. De même que les cours et les tenues de sport. Une fois qu’une activité ou qu’une marque est à la mode, tout le monde se l’arrache. Une aubaine pour les annonceurs qui n’hésitent pas à faire flamber les prix. En effet, il n’a jamais été aussi stylé que de sortir faire ses courses en tenue de fitness, baskets flambants neuves aux couleurs flashy aux pieds. Accoutrement qui était impensable il y a quelques années ! Mais aujourd’hui, même en soirée, les baskets sont de sortie. Prenons l’exemple des Stan Smith d’Adidas. Ces baskets, créées dans les années 1960, étaient à l’origine des chaussures de tennis. Après avoir connu un succès fulgurant jusqu’à la fin des années 1970, elles doivent ensuite faire face à une perte de vitesse. Qu’à cela ne tienne ! Les fameuses chaussures blanches refont leur apparition dix ans plus tard aux pieds de nombreuses célébrités et fashionistas. Remises au goût du jour grâce à la culture urbaine, ce sont au total 70 millions d’exemplaires écoulés depuis leur création, faisant de ce modèle le plus vendu de toute l’histoire de la marque ! D’autres produits jouissent de ce phénomène tels que les baskets Air Max de Nike, les sous-vêtements Calvin Klein ou encore les montres Daniel Wellington.
En plus du secteur alimentaire et de celui de l’habillement, le marché des cosmétiques se porte lui aussi à merveille. Il regorge sans cesse de nouveautés et de produits qui tiennent toujours plus de promesses : soins anti-âge, masques pour le visage défatiguant, huile de soins pour les cheveux etc. Les marques font toujours preuve de plus de créativité en trouvant de nouveaux ingrédients, souvent rares, aux vertus toutes plus extraordinaires les unes que les autres. L’huile de coco pour réparer et sublimer nos cheveux, la Centella Asiatica, une plante connue dans la médecine chinoise pour ses qualités apaisantes, réparatrices, hydratantes et anti-âge, les masques pour le visage à base d’or…Pour se sentir bien, il faut avant tout se sentir belle et se sentir jeune. La quête de la jeunesse éternelle n’est pas nouvelle et pourtant, elle ne semble pas prendre une ride !
Des ambassadeurs du bien-être 2.0
Mais alors, comment les marques arrivent à vendre ces produits malgré leurs prix souvent exorbitants ? L’industrie du bien-être a beau en vanter les mérites à travers ses différentes pratiques, si elle veut vendre, il faut faire de la pub. Et aujourd’hui, outre les outils de médias et de hors-média traditionnels, les marques optent pour une nouvelle forme de communication en faisant appel à des influenceurs, comprenez les Youtubeurs et Instagrameurs. En effet, quelle que soit la it girl que nous suivons sur les différents réseaux sociaux, elles s’adonnent toutes à des pratiques intensives pour se sculpter un corps de rêve et ne jurent que par des boissons détox au thé matcha. Entre deux photos de toasts à l’avocat et de nouveaux masques anti-âges révolutionnaires pour le visage, ces filles à suivre font la promotion (assez discrètement) de tel ou tel produit. Et sans que l’on sache, nous sommes face à de la publicité cachée. Ainsi, on se dit qu’il nous faut absolument ce nouveau robot pour nous faire nos jus du matin ou encore ces nouveaux leggings super stretch pour nos cours de yoga pour se sentir mieux et ressembler à cette influenceuse que nous adorons.
Mais comment cela fonctionne-t-il ? C’est très simple. Les marques contactent ces Instagrameurs ou Youtubeurs professionnels et leur proposent des contrats à court terme. Ils appellent cela des partenariats rémunérés. Ensuite, l’influenceur en fait la promotion dans une de ses vidéos. Pourquoi ce nouveau type de publicité marche autant ? Tout simplement parce que ces it girl nous semblent plus réelles qu’un mannequin qui pose en couverture d’un magazine. Chiara Ferragni, Jaclyn Hill, Alexis Ren ou encore Caroline Receveur, ces jeunes femmes semblent plus accessibles et sont des « madame tout le monde » ce qui permet de nous identifier facilement à elles. En effet, ces influenceurs prennent soin de partager chaque jour leur quotidien à travers des stories en partageant les endroits qu’ils visitent, les repas qu’ils mangent, leurs passions, leurs instants cocooning etc. Et souvent, ils ont démarré de rien en se bâtissant doucement une communauté et en acquérant petit à petit une certaine notoriété. Ainsi, pour beaucoup d’internautes, ces it girl deviennent des modèles auxquels il faut absolument ressembler. L’admiration que leur porte ces followers les amène donc tout naturellement à suivre leurs conseils et leurs incitations d’achats.
Quand la quête du bien-être devient obsessionnelle
Ainsi, le bien-être est devenu un véritable mode de vie. Mais plus qu’une mode, le bien-être devient peu à peu la norme. Pour être tendance en 2018, il faut pratiquer tel sport, manger tel ingrédient, porter telle marque. Ainsi, on se convainc que manger sans gluten est bon pour la santé même si on n’est pas cœliaque (intolérant au gluten), qu’il faut se mettre à la méditation et courir minimum trente minutes par jour, même si cela implique de se lever à 5h du matin pour avoir le temps de tout caser dans une journée. Petit à petit, cette recherche du bien-être devient une quête quotidienne et un objectif commun, quitte à tourner à l’obsession.
Cependant, le bien-être n’est-il pas censé être une quête individuelle ? En effet, si celui-ci résulte de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit, ces besoins sont propres à chacun et varient en fonction des individus. A l’inverse, le bien-être semble se standardiser et s’imposer au plus grand nombre. Ainsi, on s’astreint à se lever tôt pour avoir le temps de faire notre séance de yoga quotidienne quitte à perdre deux heures de sommeil. Mais si certaines personnes peuvent se lever tôt et être dans une forme olympique, d’autres ont besoin de dormir au minimum 8h par jour. Tout dépend de l’individu. Or, écourter son cycle de sommeil nécessaire à notre récupération quotidienne peut rapidement avoir des effets néfastes sur la santé à savoir un état d’épuisement qui entraine mauvaise humeur et énervement rapide. La séance de yoga matinale, censée apaiser le corps et l’esprit s’avèrera au final inutile.
Ainsi, face à cette quête de bien-être qui est devenue primordiale et tendance, beaucoup de personnes se forcent à faire des choses même si elles n’y prennent aucun plaisir pour ne pas avoir à éprouver de la culpabilité, quitte parfois à flirter avec le danger.
On nous invite alors à lâcher prise, tout en nous demandant de multiplier les performances. Et si ce n’était pas ça le bien-être ? Ce sentiment ne dépendrait-il pas d’un moment, d’une période ? Le bien-être est en effet très subjectif. Ainsi, faire ce qui nous plaît, quand on le veut est certainement la meilleure façon de profiter de la vie et de se sentir bien, quitte à ne pas faire comme tout le monde.