Arts & Culture

Vidéo. Amine Radi présente son premier one-man-show « Va dormir va » au Maroc

Découvert sur Internet avec ses vidéos humoristiques, Amine Radi a entamé la tournée de son premier one-man-show au Mégarama de Casablanca, le vendredi 21 décembre. Une première scène symbolique pour ce Casablancais de 24 ans que Plurielle a rencontré après une représentation très applaudie.

«Mesdames et messieurs bonsoir »…une voix off féminine perce enfin les remous de la salle en attente depuis plusieurs minutes. Après les traditionnelles injonctions (éteindre son téléphone, ne pas filmer le spectacle), la voix nous surprend et enchaîne sur une série de stéréotypes en fonction des quartiers de Casablanca: «Pour les gens de Derb Ghallef, ne pas filmez le spectacle pour le revendre. Pour les gens d’Anfa supérieur, évitez de parler entre vous de vos Rolex. Pour les filles de Maârif avec vos talons…».

Ainsi commence le spectacle d’Amine Radi devant un auditoire déjà conquis, un spectacle qu’il reconnaît avoir adapté au public marocain et tout particulièrement casablancais. «C’est magnifique de jouer devant sa famille, ses amis, sa ville» confie Amine après ce premier show solo, même s’il avoue ne pas avoir convié sa mère: «J’ai dû mal à parler de cela chez moi ; j’attends d’être au top pour faire venir ma mère à mes spectacles ».

En 2012, il fait ses premières armes au Comedv Club, théâtre iconique de Jamel Debbouze et passage initiatique de nombreux grands humoristes. Après une tournée en Europe en 2014 avec une troupe de comédiens de différentes nationalités, il commence l’écriture de son one-man-show «Va dormir va». Le thème général ? Les différences culturelles entre le Maroc et la France où il vit depuis sept ans pour ses études (Paris).

L’humour marocain a encore de beaux jours devant lui. Pendant près d’une heure et demi, Amine Radi revisite à son style les thèmes de prédilection des sketchs marocains comme les mariages, le regard des gens, les rapports au voisinage, la hchouma avec les parents…tout en comparant les situations avec un contexte français ou occidental.

«Pourquoi chez nous dans les mariages, on ne sert pas le repas avant au moins minuit ? Car si tu poses la nourriture à 20h, à 21h il n’y a plus personne», déclare l’humoriste en herbe devant des spectateurs hilares.

Côté français, l’artiste tourne en dérision le caractère individualiste des Parisiens, les questions des allocations familiales, du RSA (revenu de solidarité active), du visa ou encore de la carte vitale. «Si on avait la carte vitale au Maroc, la carte vitale elle-même tomberait malade».

«Merci Marine Le Pen»

Celui qui s’est fait connaître par une vidéo ironisant sur les conséquences de l’élection éventuelle de Marine Le Pen aux présidentielles françaises, se présente également comme un artiste engagé. «Je parle du quotidien et surtout de l’actualité», explique l’artiste formé en comptabilité/gestion. Dans ses vidéos qui comptabilisent plusieurs milliers de vues, il a déjà abordé des thèmes sensibles comme le drame de Bouknadel, le massacre des musulmans en Birmanie, l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, la guerre en Syrie ou encore l’affaire Saad Lamjarred.

A ce propos, il a rappelé dans son spectacle la nécessité de respecter la présomption d’innocence pour le chanteur marocain remis en liberté sous contrôle judiciaire début décembre, après avoir été mis en examen pour viol et placé en détention provisoire depuis août dernier.

«Marquer l’histoire du stand-up»

«En tant qu’artiste, on peut parler de tout (politique, religion, etc.), ce qui compte, c’est la manière d’aborder les sujets. C’est cela qui fait un bon humoriste.», explique Amine qui aborde avec subtilité dans son spectacle quelques questions politiques. «Quand les Etats-Unis ont bombardé l’Afghanistan, est-ce qu’ils se sont excusés ?», clame-t-il, en référence au récent drame des deux scandinaves tuées dans une attaque terroriste aux abords d’Imlil, et pour lequel de nombreux Marocains ont présenté des excuses sur les réseaux sociaux.

Selon l’artiste qui s’apprête à poursuivre sa tournée en France (notamment au Théâtre de Dix heures à Paris), l’humour au Maroc est en bonne marche. «La nouvelle génération d’humoristes n’a plus froid aux yeux. Elle sort des stéréotypes et brise les tabous», analyse-t-il, «mais je regrette l’absence de théâtres au Maroc, pénalisant beaucoup les artistes dans le développement de leur carrière».

Nouveaux concepts de vidéos, projets au cinéma, one-man-show, Amine Radi est un artiste en plein essor à l’avenir prometteur. Il espère «marquer l’histoire du stand-up» et c’est plutôt bien parti.

Par Emilie Taillandier

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