La mairie du 4e arrondissement de Paris a rendu, mercredi soir, un vibrant hommage à l’artiste photographe franco-marocaine Leïla Alaoui, décédée tragiquement dans une attaque terroriste à Ouagadougou début 2016.
Cet hommage, qui s’inscrit dans le cadre de la deuxième biennale des photographes du monde arabe contemporain organisée par l’Institut du Monde Arabe (IMA) et la Maison de la Photographie (MEP), a été marqué par l’inauguration, au sein de cette mairie, d’une salle d’exposition baptisée du nom de la défunte artiste.
Cette salle accueillera, 10 jours durant, une partie de la série « Les Marocains » de la collection de la Maison Européenne de la photographie.
« C’est la première fois qu’une jeune artiste photographe a son nom inscrit définitivement dans l’histoire d’une mairie de la capitale française », a indiqué le maire du 4 ème arrondissement de Paris, Christophe Girard, ajoutant que feu Leïla Alaoui était « une citoyenne du monde qui avait vraiment sa place ici ». Cet hommage est un symbole très fort et une leçon de vie, a-t-il relevé, notant que les élèves qui viennent beaucoup dans la mairie vont pouvoir découvrir l’oeuvre de la défunte artiste.
Il s’agit aussi d’une reconnaissance de son travail et un hommage au Maroc, a affirmé M. Girard.
Pour sa part, le président de l’IMA, Jack Lang a affirmé que cet hommage est un moment émouvant et un acte qui inscrit définitivement Leïla Alaoui dans la mémoire de Paris. Le nom de Leïla Alaoui sera gravé pour l’éternité dans la mémoire de Paris, a-t-il dit, notant que l’œuvre de Leila est une œuvre très puissante qui sera découverte par tous les visiteurs qui viendront à cette mairie. « Leïla Alaoui est un message permanent par son sourire, son talent et sa lumière », a conclu M. Lang.
Le président de la Fondation nationale des musées, Mehdi Qotbi a, quant à lui, indiqué, dans une déclaration à la MAP, qu’à travers l’inauguration au sein de cette mairie d’une salle portant le nom de Leïla Alaoui, la ville de Paris perpétue la mémoire de cette photographe exceptionnelle, ajoutant que tous les artistes marocains se sentent honorés par cet hommage.
Photographe et vidéaste franco-marocaine, Leila Alaoui, née en 1982, a étudié la photographie à l’université de la ville de New-York. Son travail explorait la construction d’identité, les diversités culturelles et la migration dans l’espace méditerranéen.
Elle utilisait la photographie et l’art vidéo pour exprimer des réalités sociales à travers un langage visuel qui se situe aux limites du documentaire et des arts plastiques.
Son travail est exposé internationalement depuis 2009 (Art Dubai, l’Institut du Monde Arabe et la Maison Européenne de la Photographie à Paris) et ses photographies publiées dans de nombreux journaux et magazines, y compris le New York Times et Vogue.
En janvier 2016, alors qu’elle était mandatée par Amnesty International pour réaliser un travail sur les droits des femmes au Burkina Faso, Leila Alaoui a été victime des attaques terroristes de Ouagadougou (15 janvier). Elle a succombé à ses blessures trois jours après (18 janvier).
Ouverte le 13 septembre, la deuxième biennale des photographes du monde arabe contemporain est destinée à approfondir l’exploration de certains territoires du monde arabe et de la création photographique qui s’y développe.
Elle accueille les travaux d’une cinquantaine d’artistes issus de nombreux pays arabes dont le Maroc. Cette biennale se déroule simultanément dans 8 lieux parisiens, dessinant ainsi un parcours pluriel à travers les différents regards des photographes contemporains sur le monde arabe. Le mélange des cultures et le dialogue des sensibilités demeurent des principes fondamentaux, la biennale visant à croiser les regards des photographes arabes avec ceux des artistes étrangers.