C’est certainement l’événement le plus glamour qui soit. Depuis 70 ans, le Met Gala qui inaugure l’exposition annuelle du Costume Institute du Met à New York est le rendez-vous mondain le plus couru par les célébrités et les puissants de la mode. Récit d’une soirée de légende.
Chaque année, le premier lundi du mois de mai met le monde en émois. Couturiers en vue, people brillants et gotha mode puissant se retrouvent sur les marches du Metropolitan Museum of Art pour le très élitiste Met Gala. Comment une soirée mondaine a-t-elle atteint une telle aura ?
Un bal, des grandes femmes
En 1946, grâce au soutien financier de l’industrie de la mode, le Museum of Costume Art fusionne avec le Metropolitan Museum of Arts pour devenir le Costume Institute. Deux ans plus tard, le Costume Institute Benefit aussi connu sous le nom de Met Gala, rendez-vous inaugural de l’exposition d’abord bi-annuelle, puis annuelle, est lancé. L’intention est claire, ce souper au cœur du musée est pensé comme « la soirée de l’année ». C’est certainement grâce à la contribution d’Eleanor Lambert qu’il le devient. Cette attachée de presse ultra puissante, surnommée l’impératrice de la septième avenue, possède un sens aigu de la mode et de la communication. Son parcours en témoigne : elle fonde le Council of Fashion Designers of America en 1962, la fashion week de New York et participe au mythique Black and White Ball de Truman Capote en 1966. Son talent se joint à celui de la grande rédactrice en chef de Vogue Diana Vreeland, en charge de la programmation exceptionnelle du musée de 1972 à sa mort en 1989, pour placer l’événement au centre de l’attention et le rendre si convoité.
Un événement hautement mondain
Le Met Gala s’inscrit dans le projet d’Eleanor Lambert de faire des Etats-Unis une place référente dans le milieu de la mode, peu étonnant donc qu’il soit rapidement devenu incontournable. Dans son sillage, une succession de socialites influentes à la tête du comité dont Jackie Kennedy, ou la mondaine Patricia Buckley, ont participé à faire rayonner l’événement. Mais ce n’est que récemment, depuis 1999 et l’arrivée d’Ana Wintour à sa tête, que le gala atteint l’ampleur qu’on lui connaît. La rédactrice en chef de Vogue connue pour sa capacité à réconcilier star système populaire et élitisme mode a réussi son pari. Pour son prestige comme sa médiatisation hors-norme, les grandes griffes et stars de tous horizons se battent pour s’y rendre. Résultat, le tapis rouge majeur est le théâtre des plus grandes extravagances vestimentaires mais aussi des esclandres des stars (on se rappelle de la querelle de l’ascenseur entre Beyoncé, Jay Z et Solange en 2014). Pour des raisons de sécurité mais certainement surtout de confidentialité, depuis 2015, les smartphones y sont interdits. Ce qui ne manque pas d’attiser la curiosité autour de la plus grande soirée de l’année.
Portée culturelle
Derrière la fête la plus prisée de l’industrie de la mode se cache une formidable machine à sous. En 2016, le New York Times dévoilait les tarifs pour assister à la soirée, de 30 000$ la place à 275 000$ la table. Grâce à ces sommes, le Met Gala représente la principale source de financement pour le Costume Institute. Il génère également un formidable trafic pour l’exposition qu’il introduit. L’exposition China : Through the Looking Glass a, par exemple, cumulé plus de 800 000 visiteurs. Institution à part entière, la soirée a même fait l’objet d’un film documentaire The First Monday in May d’Andrew Rossi, sorti en 2016. Le tout participant à faire assimiler la mode à une matière muséale, étudiée et conservée.