Arts & Culture

Ghada Amer, artiste franco-égyptienne, installe un jardin anti-machiste de 16.000 « phactus »

L’artiste franco-égyptienne Ghada Amer a planté à Tours, dans le centre de la France, 16.000 cactus dans la grande nef du Centre de création contemporaine Olivier Debré, comme un manifeste anti-machiste.

 

Parlant de « phactus » (mot-valise regroupant phallus et cactus), l’artiste, qui vit depuis une trentaine d’années à New York, se dit révoltée par la domination du monde de l’art par les « mâles, blancs et anglo-saxons« . L’immense potager en carrés de cactées hostiles dressé jusqu’en janvier 2019 se veut ainsi une spectaculaire interrogation sur la place des femmes dans la peinture abstraite américaine de l’après-guerre, dont Josef Albers et Frank Stella ont été les maîtres.

 

 

 

« C’est très symbolique de ce moment où les femmes ont été exclues, effacées de la modernité dans l’art« , explique Ghada Amer en revendiquant un « geste politique« . L’artiste investit aussi la « galerie noire » du Centre de création avec des réalisations picturales en toiles brodées des dix dernières années. « En 2009, il s’est produit un déclic: j’ai commencé à maîtriser mon travail sur la broderie… Avant j’apprenais« , assure Ghada Amer sur cette technique qui fait sa renommée depuis les années 1990.

 

 

 

Pour la Franco-Egyptienne, les toiles brodées sont le moyen de s’aventurer en tant que femme sur ce « terrain très masculin de la peinture ». De même, les thèmes et la manière de traiter le corps de la femme dans son oeuvre sont souvent inspirés de la pornographie: là encore, « c’est une incursion dans le domaine de l’homme des revues porno, en complète dichotomie avec la broderie comme moyen d’expression« , explique l’artiste.

 

 

 

Le Centre fait enfin dialoguer ce « Dark Continent » (en référence à la définition par Freud de la sexualité féminine comme un « continent noir ») avec des prototypes récents de sculptures faussement naïves en laiton chromé: rose, petits lapins ou Mickey… Ces oeuvres, de l’aveu même de l’artiste, marquent une rupture dans son approche conceptuelle : « en passant à la sculpture, en n’utilisant pas la broderie, je me libère de mon discours féministe« , assure-t-elle.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page