Plus de la moitié des grands méchants du cinéma américain présentent des maladies dermatologiques.
Quel est le point commun entre Dark Vador dans la saga Star Wars, la petite Regan MacNeil, personnage principal de L’Exorciste (1973), et la Reine dans Blanche-Neige et les Sept Nains? Mauvais, malhonnêtes ou effrayants, ils sont tous les trois les «méchants» de leur univers narratif respectif. Mais ce n’est pas leur unique point commun: ils ont tous un voire plusieurs problèmes de peau, comme le montre une étude publiée le 5 avril dans la très sérieuse revue JAMA Dermatology.
Dark Vador présente de multiples cicatrices, des rides profondes, une alopécie (nom médical de la calvitie) ou encore une hyperpigmentation péri orbitaire – autrement dit, des cernes – qui donne à son visage un air sombre et lugubre. La petite Regan MacNeil n’est pas des plus agréables à regarder non plus: des lacérations et des cicatrices érodent son visage déjà marqué par d’intenses cernes. Mais la Reine de Walt-Disney est sans doute la moins gâtée, avec ses multiples verrues, des rides et une couperose (dilatation des vaisseaux qui donne une couleur rouge).
Les héros mieux lotis
Quelles sont les motivations d’une telle étude? Les trois auteurs expliquent que, depuis les débuts du cinéma muet, les méchants ont toujours été représentés avec des problèmes de peau. «Ces indices visuels provoquent l’appréhension ou la peur des spectateurs (…) et illustrent une dépravation morale sous-jacente du personnage», soulignent-ils. Or le recours fréquent des réalisateurs à ces problèmes esthétiques a conduit des associations de patients à protester, à l’image de l’association américaine de l’albinisme et de l’hypopigmentation.
Afin de confirmer cette tendance, les auteurs de l’étude ont regardé les 20 films où figurent les 10 plus grands héros et les 10 plus grands méchants, selon un classement de l’Institut Américain du Film. Résultats, 60% des méchants présentent des problèmes de peau. Côté héros, aucun n’en avait, à l’exception de quelques cicatrices pour Indiana Jones (Les aventuriers de l’arche perdue, 1981), Rocky Balboa (Rocky, 1976), Rick Blaine dans Casablanca (1943) et Will Kane, le shérif dans Le train sifflera trois fois.
«Enracinés dans la culture, l’art et l’histoire du cinéma, ces maladies de la peau sont principalement utilisées pour représenter la dichotomie du bien et du mal, ce qui peut favoriser les préjugés contre les personnes qui en sont atteintes dans notre société», concluent les auteurs.