C’est l’histoire d’un jeune homme qui, après deux années vouées à l’échec après l’obtention de son baccalauréat, se voit déboussolé dans l’alma-mater (Université). Petit à petit, il découvre ce donjon qu’est la faculté des Lettres et des Sciences Humaines. Lieu de son premier amour, du narcissisme de certains professeurs qui n’en sont pas vraiment mais surtout, celui où il se découvrit lui-même.
Dans cet espace où il n’avait jamais espéré pouvoir poser le pied, l’amour d’une personne et des Lettres ont fait éclore en lui la volonté d’enseigner la langue française. Pour cela, il lui faudra intégrer l’École des Enseignants avant d’être affecté dans un Lycée en région montagneuse dans les environs de Khénifra. De l’étudiant et l’enseignant, une série d’étapes et de faits sociétaux sont décrits: la perte d’un ami très cher qui a choisi le suicide par immolation car profondément affecté par le décès d’un père alcoolique et une longue période de chômage, la visite d’une famille presque méconnue, l’initiation d’un bibliothécaire érudit du nom de Rachid, un accident duquel Ahmed a de justesse, échappé à la mort ou encore le regret d’avoir choisi une carrière dans l’enseignement…
Sabrina: S’agit-il de votre premier livre ?
Ahmed Mesk: Oui, Le Premier jour d’un condamné est mon premier roman édité. Je me suis déjà essayé à écrire une nouvelle qui s’inscrit dans le genre fantastique mais j’ai préféré faire de mon premier roman une autobiographie à travers laquelle je raconte le panorama de ce que j’ai vécu ou ce que d’autres personnes de mon entourage et de la société en général ont vécu comme expériences.
Sabrina: Combien de temps cela vous a t’l pris pour le rédiger ?
Ahmed Mesk: La rédaction de ce roman m’a pris presque une année, à raison d’un mois par chapitre. Ajouter à cela le suivi, la relecture et une révision de deux mois.
Sabrina: Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré ?
Ahmed Mesk: L’inspiration de tout écrivain trouve place soit dans son imaginaire soit dans sa réalité. La première accouche de rédactions fictives qui débouchent sur le genre fantastique. La seconde puise dans la réalité qui lui confère un caractère d’engagement pour décrire certains faits sociétaux et des réalités apparentes dans la société. Etant un pur produit de la société marocaine, ce qui me rend d’ailleurs très fier de cette appartenance, j’ai voulu y puiser en abordant quelques thèmes qui s’y réitèrent, tantôt avec des pseudo-solutions, souvent sans!
Tout a commencé avec l’Université marocaine des Lettres et Sciences Humaines qui m’a accueilli alors que je ne m’étais jamais préparé à l’intégrer. C’est donc à partir de cet havre du Savoir que j’ai bridé ma plume pour découvrir d’autres espaces que le roman relate tout au long de l’histoir. Vu que le roman appartient au genre autobiographique, je me suis donc étalé sur des questions qui me tiennent à cœur, sans pour autant négliger les sujets tels que l’amour, la trahison, l’enseignement supérieur, la vie après les études à la faculté, la famille, la société, la guerre, le trépas, la culture du paraître, l’absurde, la méritocratie, le favoritisme, et plus encore.
Sabrina: Pourquoi avoir choisi comme titre le premier jour d’un condamné? Cela ne rappelle-t-il pas le livre de Victor Hugo? Quel rapport entre les deux œuvres?
Ahmed Mesk: Contrairement au roman Le dernier jour d’un condamné où Victor Hugo dénonce la peine de mort et appelle à son abolition en brossant le quotidien d’un condamné à mort, Le Premier jour d’un condamné est loin d’être une thèse finale sur certains aspects de la société. J’y traite des faits en livrant mes opinions, légèrement mais clairement. J’y livre, si l’on peut appeler cela ainsi, des flashs en recourant au «paradoxe» qu’une certaine papelardise a laissé se répandre dans la société. A mon avis, insensée et vaine serait l’entreprise de tout écrivain contemporain de s’inspirer ne serait-ce que du style rédactionnel, pour ne citer que cet aspect, d’un sommet de la littérature française et mondiale. Toutefois, le rapport qu’il peut y avoir réside dans le titre. Le condamné de Victor Hugo trouve sa liberté après sa décapitation qui met une fin sûre à sa souffrance. La condamnation dans le Premier jour d’un condamné réside dans les maux que les premières expériences ont fait subir à Ahmed – qui n’est que moi-même -. Chaque première expérience est une condamnation de laquelle résultera une leçon qui, à son tour, se traduira en une libération.
Les deux condamnations comme les deux libérations ou encore les deux condamnés divergent les uns des autres! Mais un fin rapport au niveau des titres demeure existant.
Sabrina: Quels sont vos projets ?
Ahmed Mesk: Je suis en pleine élaboration d’un recueil de plusieurs petites histoires traitant de diverses thématiques à but constructif qui s’intitulera «Situations». Parallèlement, un essai portant sur «L’incommunication dans la communication politique comme facteur fondateur de l’abstentionnisme chez le Marocain» est en chantier.
Pour le moment, je suis les rails d’une carrière journalistique qui paraît passionnante, et dont je profite au maximum ; le journalisme étant un métier auquel je réserverai quelques lignes dans un livre qui aura éventuellement comme titre « le livre des métiers ». Mais là, je pense à voix haute!
