Vous venez d’arrivez au Maroc ou vous y vivez mais en vous enfermant précautionneusement dans le confort de votre petite bulle. Pour vous, l’Aid El Kebir représente une fête sanglante pendant laquelle on fait ripaille. Cet article est fait pour vous…
L’Aid El Kebir ou Aid El Adha est une fête familiale qui rime pour les Marocains avec convivialité, grandes retrouvailles et retour aux traditions. Oui au Maroc, on exprime l’amour des autres à travers l’abondance de nourriture et la diversité des plats posés sur la table.
Les enfants sont aux premières loges. Ames sensibles… tant pis pour vous. N’allez surtout pas interdire à vos enfants d’assister au sacrifice de la bête de peur de les traumatiser, ce serait considéré comme une insulte à la tradition. Dites-vous que cette fête est considérée comme une sorte de rite initiatique, un moment sanglant (certes) qu’ils doivent braver sans ciller. Une fois la bête à terre, il est de coutume de marquer le front de l’enfant d’une trace de sang. Un baptême par le sang en quelque sorte.
Le matin de l’Aid El Kebir, on ne se prive pas de manger sous prétexte qu’on devra ensuite se gaver du matin au soir ! Au diable vos complexes, vos healthybowls, tartines à l’avocat et fromage blanc ou autres jus de betterave drainants.Le matin de l’Aid, on fait valoir ses talents de gros mangeurs en faisant honneur à la table de lwalida qui aura préparé depuis trois jours, pour quinzepersonnes même si vous n’êtes que quatre, un copieux petit déj’ avec moulteschhiwates déclinées du salé au sucré.
Si vous avez boudé toute l’année votre famille casse bonbon, fermé la porte aux envahisseurs du week-end, ou aboyé une fois de trop sur KhaltiMilouda à cause de ses écarts de paroles et autres maladresses… respirez un bon coup et oubliez le passé (enfin essayez le temps de gober un boulfef.)
L’Aid El kebir n’est pas juste synonyme de grande bouffe ! Les apparences sont trompeuses, oui, oui, il est aussi question de spiritualité. On vous entend ricaner dans votre duvet naissant de vegan qui prône la repousse du poil…
Si vous êtes invitée chez une amie, une collègue de boulot ou autre, attendez-vous à ne pas reconnaître la femme sapée en business woman que vous côtoyez chaque jour. Le jour de l’Aid, la femme marocaine se transforme en une autre version d’elle-même. La tête enserrée d’un foulard, claquettes aux pieds, tablier bien sanglé sur un pyjama en pilou, elle passe sa journée sur le toit, dans le jardin, le garage ou la cour, maniant avec brio l’art de la raclette et le brasero.
Tout est bon dans le mouton! L’adage vaut aussi chez nous. Ce jour là, vous allez découvrir que chaque organe, chaque membre, chaque particule de chair, de corne, de peau ou autre, se mange… ou se recycle en objet de déco quand ça ne se mange pas.
Le jour de l’Aid, chaque Marocain prend l’apparence d’un sérial killer. A chaque coin de rue, un homme, vêtu d’un jogging, de sandales, d’un tablier ensanglanté, la taille sanglée d’une ceinture arborant plusieurs couteaux, rangés du plus petit au plus grand…
Sur les réseaux sociaux, attendez vous à voir vos amis poster des selfies pour le moins étranges. Il est de coutume,depuis l’avènement du 2.0 au Maroc, de poser à côté du mouton en mode avant/après ou si vous préférez vivant/mort. Certains osent aussi le selfie avec la tête de la bête fraîchement tranchée en guise de masque quand d’autres immortalisent le lavage des tripes, le nettoyage de la cour à la raclette… tout est une question de sensibilité artistique. Dans tous les cas, mettez vos a priori de côté, le mouton est très instagrammable, mort ou vif !
Quand y en a plus y en a encore ! Vous pensiez que vous seriez au bout de vos peines après la première journée ? Que nenni, la fête de la viande dure trois jours avec en guise d’apothéose, le couscous royal, la mrousia ou la tanjia. Miam, miam.
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