Pour sa première exposition de la saison, la Galerie 38 présente « Chant d’état transitoire », une exposition personnelle de Fatiha Zemmouri dont le vernissage public se tiendra le jeudi 28 septembre.
Ce solo show, qui dure jusqu’au 28 octobre, rassemble les dernières œuvres de l’artiste, plusieurs vidéos et un ensemble de toiles magistrales qui marquent l’aboutissement de la réflexion menée depuis plusieurs années par Zemmouri autour de la matière et de l’exploration des éléments.
Remettant le support traditionnel, la toile, en question, l’artiste y applique de la matière, elle-même transformée au préalable, qu’elle assemble selon un processus qui dure plusieurs jours, voire trente pour certaines pièces.
Ces pratiques témoignent, chez Zemmouri, d’une volonté de retour au geste primitif et d’une redéfinition de l’art comme lieu des changements du monde. Alchimiste, l’artiste l’est sans aucun doute quand, entre ses mains, la céramique et le charbon se fixent à la toile, brouillant la frontière ténue qui existe entre matériaux et supports, exposant la richesse phénoméniste des textures les plus diverses, révélant ce que contiennent la terre et le bois pour nous les rendre à la fois étranges et familiers.
De ses heures de travail dans son atelier, l’artiste a élargi le champ de sa technique. Le charbon, qu’elle travaille depuis plusieurs années, est agencée de manière plus équivoque. Le cadre est déconstruit, en lui des percées de lumière se font jour.
La matière vit, déborde (NakedFire, Le poinçonneur des Lilas, Déconstruction). Matériau du paradoxe, à la fois rigide et fragile, la céramique se fait ici souplesse et douceur, disposée sur la toile à la manière de nids d’anémones, dans des espaces fragmentés qui semblent traverser par un courant (Floatingseaweed, Ball of birds) et dont on doute des intentions réelles : créatures menaçantes ou espèces inoffensives ?
La céramique blanche et le charbon noir côtoient à la Galerie 38 une nouvelle série de tableaux où la couleur bleu, à l’encre dominante, est éclatée, vaporisée sous la forme de gouttes, se faisant elle aussi matière.
A travers ces éléments primaires, la démarche poétique de Zemmouri rend universelles des questions individuelles et philosophiques sur le caractère mouvant et éphémère du monde, ses limites et le désir de permanence.
Le tragique de l’existence est résumé dans le titre de l’exposition, « Chant d’état transitoire », qui laisse deviner, par cet intitulé, toute l’étrangeté que porte le réel, cette fêlure du monde et de l’objet-sujet soumis au temps. Révélateur de cet indicible, Zemmouri nous saisit et nous soumet, une fois encore, à notre finitude et au vertige de la beauté.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.