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Mamans actives cherchent désespérément garderies

Depuis quatre mois déjà, Soumia se réveille, à l’aube, pour préparer des biberons, des couches et des habits de rechange pour sa fille de deux ans qu’elle doit confier chaque à sa mère avant d’aller au travail, faute de garderies en cette conjoncture liée à la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19).

Accablée par la fermeture des crèches depuis la mi-mars 2020, cette fonctionnaire de 38 ans s’est trouvée dans l’obligation de recourir aux services de la grand-mère, qui a accepté volontiers de jouer la baby-sitter pour enlever un peu de stress sur sa propre progéniture.

Soumia, une habitante du quartier de Sidi Maarouf à Casablanca, doit sortir quotidiennement à 07H00 pour parcourir plus de 10 km vers le lieu de résidence de sa mère à Ain Chock. Si le trafic est clément, ce qui n’est pas souvent le cas dans la métropole, elle en a pour près d’une demi-heure de route.

C’est le cas d’un nombre incalculable des mères travailleurs en charge d’enfants de bas âge partout dans le pays, sauf que dans les grandes villes, le calvaire est exaspéré par les distances lointaines à couvrir tous les jours et les prix parfois exagérés pour s’offrir les services d’une femme de ménage ou d’une nurse.

« La fermeture des crèches a compétemment chamboulé mon quotidien, puisque je dois me réveiller très tôt pour aller de Sidi Maaarouf où j’habite à Ain Chock où habite ma mère, avant de reprendre la route vers mon lieu de travail à Ain Sbaâ », raconte cette stoïque fonctionnaire.

Toutefois, elle se dit « vernie » d’avoir sa mère dans la même ville. A 07H30, elle arrive chez la grand-mère, Haja Taous, qui l’attend généralement pour lui faire gagner du temps. Une fois « la passation » terminée, Soumia redémarre la voiture à destination d’Ain Sbâa. C’est une nouvelle journée de travail qui commence.

« J’ai l’habitude de prendre l’autoroute pour éviter l’embouteillage », explique Soumia qui arrive au bureau avant tout le monde pour profiter d’un petit somme d’un quart d’heure sur une banquette.

« Je commence mon travail dans un mauvais état. Je suis épuisée, fatiguée et même usée à force de me réveiller tôt le matin et dormir tard », a-t-elle martelé. Pas le temps de se décourager, elle doit tout reprendre à la fin de son service. Récupérer la fille, rentrer à la maison et attendre l’aurore pour une nouvelle aventure.

Si Soumia a de la chance d’être épaulée par sa mère, des centaines de femmes actives vivent un drame quotidien, faute de structures pour accueillir leurs enfants en cette période de crise.

C’est le cas de Hind qui travaille dans un centre d’appel et qui doit s’absenter au moins dix heures de la maison. Cette battante jeune maman s’est débrouillée pour ne pas baisser les bras et tomber dans le désespoir. Elle a eu l’idée de solliciter les services d’une ancienne voisine pour lui confier son fils de six mois. Celle-ci a accepté le deal contre la somme de 50 DH la journée.

Chaque début de semaine, Hind, qui a adopté un nouveau mode de vie depuis le début de cette crise, prépare les affaires de son fils pour l’emmener à Sidi Moumen chez Khadija qui habitait aussi Derb Elkabir avant d’en déménager. Les deux femmes ont gardé de bons contacts depuis, ce qui a encouragé Hind à demander de l’aide à son ancienne voisine.

« Je n’ai pas où mettre mon fils puisque toute les crèches sont fermées », constate Hind, avec une bonne dose de fatalisme. Elle aurait tant aimé habiter près de ses parents pour la soulager un peu. Soumia, Hind et toutes les femmes actives dans la même situation doivent garder une dent contre le coronavirus toute leur existence.

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