L’ex-mannequin Marvia Malik est devenue la première présentatrice télévisée transgenre du Pakistan, un pas en avant pour une communauté certes reconnue juridiquement mais qui reste très marginalisée dans ce pays conservateur d’Asie du sud.
Depuis ses débuts à l’antenne vendredi dernier, elle a « reçu de l’amour et du soutien comme jamais auparavant », se félicite Marvia Malik, souriante, lors d’un entretien avec l’AFP.
Et cette brune aux longs cheveux, lourdement maquillée avant de retrouver son plateau télévisé, d’ajouter : « Ma famille ne m’a jamais acceptée, ni reconnue. »
Les « khawajasiras« , un terme désignant un troisième sexe qui regroupe tant les femmes transgenres que les travestis et les eunuques, se bat depuis longtemps pour leurs droits au Pakistan, avec certains résultats.
En 2009, ce pays a été parmi les premiers au monde à légalement reconnaître un troisième sexe. L’an passé, un premier passeport faisant état d’un genre « X » a été imprimé. Une trentaine de permis de conduire ont récemment été délivrés à des femmes transgenres.
Mais au quotidien, les « khawajasiras » vivent en parias, souvent réduites à la mendicité et à la prostitution. Extorsions et discriminations sont fréquentes, tout comme les meurtres de transgenres.
Mardi soir, l’une d’entre elles a été abattue à Peshawar, dans le nord-ouest du pays, a indiqué la police à l’AFP. Soit le 55e meurtre d’une transgenre en cinq ans, a affirmé Farzana Riaz, la présidente de Trans’Action, une organisation de défense de leurs droits.
De nombreuses transgenres gagnent leur vie au Pakistan en dansant à des mariages ou des fêtes, ou de manière plus clandestine.
Le rédacteur en chef de la petite télévision privée Kohenoor, qui emploie désormais Marvia Malik, affirme avoir été stupéfait lors de son entretien d’embauche.
« Elle nous a demandé : +Voudriez-vous me voir comme une mendiante, une travailleuse du sexe ou une danseuse, ou bien me donneriez-vous un travail respectable sur votre chaîne+ », a-t-il raconté à l’AFP.
« Sa question nous a laissés sans voix », ce qui a poussé Kohenoor à « établir une politique d’accueil et d’acceptation de tous sans discrimination », a-t-il poursuivi, ajoutant « ne pas se préoccuper pour l’audience ».
Marvia Malik, qui a semblé à l’aise pour ses premiers pas devant les caméras, avait étudié le journalisme à l’université.
Agée selon des médias pakistanais de 21 ans, ce qu’elle a refusé de confirmer à l’AFP, elle aspire une fois qu’elle sera « stable financièrement » à créer une ONG oeuvrant contre la discrimination de genre et n’exclut pas de fonder sa propre chaîne de télévision.