Société

Le recours de Tariq Ramadan contre sa détention examiné jeudi

Tariq Ramadan, mis en examen pour viols, va-t-il rester en prison ? Après avoir ordonné une expertise médicale, qui a jugé l’état de santé de l’islamologue compatible avec sa détention provisoire, la cour d’appel de Paris se prononce jeudi sur son éventuelle remise en liberté.

 

L’intellectuel suisse, qui conteste les accusations portées par deux femmes en France contre lui, est écroué à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne). La semaine dernière, la chambre de l’instruction avait suspendu sa décision à cette expertise.

 

 

Sa détention a suscité un vif émoi dans une partie des rangs musulmans, certains dénonçant l’impression d’un « deux poids, deux mesures » voire d’un « complot » contre une des rares figures médiatiques de l’islam européen.

 

 

M. Ramadan a été mis en examen le 2 février pour viols, dont l’un sur personne vulnérable, après les plaintes de deux femmes fin octobre qui ont débouché sur une information judiciaire confiée à trois juges d’instruction.

 

 

Toutes deux ont confié aux enquêteurs l' »emprise mentale » qu’exercait sur elles ce « maître spirituel ». Elles ont décrit des rendez-vous ayant soudainement basculé dans des rapports sexuels d’une grande violence sous la contrainte, dans des hôtels en marge des conférences à succès de l’islamologue âgé de 55 ans, le 9 octobre 2009 à Lyon et en mars-avril 2012 à Paris.

 

 

La justice a ordonné son placement en détention provisoire car elle craint une fuite à l’étranger ou d’éventuelles pressions sur les plaignantes ou d’autres femmes ayant témoigné sous X — un dispositif destiné à protéger le témoin — lors de l’enquête préliminaire.

 

 

Des sources proches du dossier ont expliqué à l’AFP que l’expertise médicale demandée par la justice établissait que l’état de santé de M. Ramadan, qui dit souffrir de deux maladies — une sclérose en plaques et une neuropathie (affection de plusieurs nerfs moteurs et sensitifs) — était compatible avec sa détention.

 

 

Jugeant « incertain » le diagnostic ultérieur de ces pathologies, l’expert médical estime aussi qu’elles ne peuvent s’aggraver brutalement.

 

 

Dans un mémoire transmis à la chambre de l’instruction, la défense de M. Ramadan critique un examen effectué « sommairement » jeudi dernier et fait valoir que le médecin ne disposait pas du dossier médical de son client.

 

 

Demande de dépaysement

 

 

Ce dernier avait été hospitalisé le lendemain de cet examen durant quatre jours après avoir vu son état de santé se dégrader, selon son entourage.

 

 

Dans leur mémoire, les avocats proposent également diverses garanties pour obtenir la remise en liberté de Tariq Ramadan: la remise de son passeport suisse, le versement d’une caution de 50.000 euros et une obligation de pointer chaque jour au commissariat.

 

 

Les conseils dénoncent par ailleurs ce qu’ils considèrent être des incohérences dans les récits des plaignantes, l’absence d’investigations sur des éléments présentés comme étant à décharge et contestent la légalité de l’ordonnance du juge des libertés et de la détention.

 

 

Ils ont déjà réclamé un dépaysement de la procédure, en raison de ce qu’ils estiment être des dysfonctionnements au détriment de leur client.

 

 

Ils avaient riposté une première fois en novembre, en déposant une plainte contre X pour subornation de témoin, en visant l’essayiste Caroline Fourest qui combat l’islamologue depuis plusieurs années dans les médias.

 

 

La polémiste, qui a reconnu avoir été en contact avec les deux accusatrices après le dépôt de leur plainte afin de « se soutenir », a annoncé le week-end dernier qu’elle allait porter plainte pour dénonciation calomnieuse.

 

 

L’une des plaignantes, Henda Ayari, avait ausi déposé une plainte contre X à la mi-novembre après avoir fait, selon elle, l’objet d’injures et de menaces.

 

 

Avant de se rendre à la convocation de la police française le 31 janvier, M. Ramadan n’avait pris publiquement la parole qu’à deux reprises sur cette affaire: sur Facebook, fin octobre, pour dénoncer une « campagne de calomnie » enclenchée par ses « ennemis de toujours », et sur Twitter, début novembre, pour démentir des accusations d’abus sexuels sur mineures publiées par le journal La Tribune de Genève.

 

 

Lors d’une rare prise de parole publique provenant de responsables musulmans depuis le début de l’affaire, le recteur de la Grande mosquée de Lyon et son homologue de Villeurbanne ont réclamé mercredi la « libération immédiate » de M. Radaman, petit-fils du fondateur de la confrérie islamiste des Frères musulmans.

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