Un total de 93,4% des femmes violentées ne portent pas plainte contre leur agresseur, a indiqué mardi à Rabat la ministre de la Famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social, Bassima Hakkaoui.
Seulement 6,6% des femmes victimes de violence ont déposé plainte et sont en majorité des femmes divorcées ou veuves, a expliqué la ministre qui était l’invitée du Forum de la MAP sous le thème de la « lutte contre la violence à l’égard des femmes : quelle approche? ».
Se référant aux résultats de la deuxième enquête nationale sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes, M. Hakkaoui a souligné que la prévalence de la violence au cours des 12 derniers mois à partir de la date de réalisation de l’enquête (2 janvier – 10 mars 2019) a atteint 54,4%.
Le taux de prévalence des violences est le plus élevé dans les zones urbaines, soit 55,8%, alors qu’il s’élève à 51,6% dans les zones rurales, a-t-elle précisé, relevant que les groupes d’âge les plus vulnérables sont les femmes âgées de 25 à 29 ans (59,8%).
Par formes de violence, la ministre a noté que le taux de prévalence de la violence psychologique a atteint 49,1%, alors que la violence économique est de 16,7 %, la violence physique 15,9% et la violence sexuelle 14,3%.
L’enquête révèle en outre que 3,2% des femmes adultes âgées de 18 à 64 ans, soit 349.688 femmes ont subi toutes les formes de violence, tandis que 12,4% de femmes marocaines ont subi des actes de violence dans l’espace public avec un taux de 66,5% pour la violence sexuelle, 49,1% pour la violence psychique et 33,2% pour la violence physique.
En milieu familial, a poursuivi la ministre, 17,9% des femmes marocaines ont été exposées à la violence, avec une prévalence de 92,2% de violence psychique, 21,5% de violence physique et 2,2% de violence sexuelle.
D’après les premières conclusions de l’enquête, 24,3% des femmes employées ont été violentées en milieu professionnel, alors que 30,9 des femmes divorcées et veuves sont victimes de violence. L’enquête fait également état de 52,2% de violence conjugale et 54,4% de violence parmi les fiancées avant leur mariage.
Pour ce qui est de la violence électronique, force est de constater que 13,4% femmes ont déclaré avoir été victimes de cette forme de violence, a-t-elle précisé. Les données obtenues montrent que les jeunes filles qui ont un niveau élevé d’enseignement sont plus vulnérables à ce type de violence.
Dans le même ordre d’idées, la ministre a relevé qu’une nouvelle dynamique a été imprimée à la lutte contre la violence faite aux femmes avec un accent particulier sur l’autonomisation économique de la femme pour qu’elle émerge en tant qu’acteur dans le processus du développement du Royaume. Sous cet angle, elle a insisté sur l’action de sensibilisation qui fait l’objet du partenariat entre le ministère et la société civile, particulièrement les associations œuvrant pour la protection de la femme.
Mme Hakkaoui a affirmé que loin d’être fragmentaire, la vision adoptée dans le traitement de la question de la violence faite aux femmes se veut globale avec un focus sur le phénomène sous ses diverses facettes et dimensions. L’accent est mis en particulier sur l’approche des droits de l’Homme, ainsi que sur les exigences liées à la cohésion sociale et familiale, à la prévention, la protection et la prise en charge sans pour autant ignorer l’aspect juridique et celui de la répression.
Tout en mettant en évidence l’importance de conjuguer les efforts des différents intervenants, la ministre a relevé que les faits ont montré le besoin de progresser pour plus de convergence entre les composantes du gouvernement et d’accorder une attention particulière à l’approche territoriale dans le cadre du processus de régionalisation avancée.