Le leader de la contestation populaire dans le nord du Maroc, Nasser Zefzafi, a été incarcéré à Casablanca et placé en détention provisoire, une semaine après son arrestation, a annoncé mardi un avocat de la défense.
Au terme d’une audience marquée par une « importante présence des avocats de la défense », le juge d’instruction à la Cour d’appel de Casablanca a décidé de placer en détention provisoire M. Zefzafi et six militants du mouvement de contestation, a indiqué Abdessadek El Bouchtaoui, l’un des avocats de la défense.
De « nombreuses » accusations, « lourdes » et « exagérées », pèsent sur Nasser Zefzafi, a ajouté l’avocat dans une vidéo diffusée sur Facebook à l’issue de l’audience.
Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc, est secouée depuis sept mois par un mouvement de contestation revendiquant le développement du Rif, région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée, que les protestataires jugent « marginalisée » par l’Etat.
Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, était recherché initialement pour avoir interrompu le 26 mai le prêche d’un imam dans une mosquée. Une quarantaine de personnes, dont M. Zefazfi ont été interpellées depuis. Deux autres meneurs du « hirak » (la « mouvance ») ont été arrêtés lundi.
Vingt d’entre elles ont été présentées au parquet à Casablanca et placées en détention, notamment pour « tentative d’homicide volontaire, atteinte à la sécurité intérieure, incitations contre l’intégrité du royaume (…) et autres crimes ».
Des manifestations quotidiennes -nocturnes pour cause de ramadan- ont lieu depuis une dizaine de jours à Al-Hoceïma et d’autres localités de la province éponyme, appelant à la « libération » des militants arrêtés.
Le Premier ministre Saad-Eddine El Othmani a appelé les élus locaux de la région Nord, quelque soit leur « appartenance et sensibilité politique », à « travailler main dans la main pour régler les problématiques dans la région », ont rapporté les médias d’Etat.
Les contestataires rejettent massivement ces élus locaux, qu’ils accusent d’être « corrompus » et de ne pas les représenter.
Le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit devait s’exprimer mardi devant le Parlement pour informer les députés de la situation.