La fille de Tariq Ramadan avait semble-t-il besoin de vider son sac. Dans une interview donnée au quotidien suisse Le Temps, ce samedi 19 mai, Maryam Ramadan, la fille aînée de l’islamologue poursuivi pour viols et harcèlement sexuel, a balayé d’un revers de la main toutes les accusations dont Tariq Ramadan fait l’objet. La jeune femme de 31 ans, qui revenait tout juste de rendre visite à son père détenu provisoirement à l’hôpital carcéral de Fresnes en France a évoqué à quel point l’incarcération de Tariq Ramadan, le 2 février dernier avait affaibli son état de santé et bouleversé toute une famille. Morceaux choisis.
Selon Maryam Ramadan, l’état de santé de son père se détériore de jour en jour
La jeune femme qui vit habituellement au Qatar a expliqué avoir été heureuse d’enfin pouvoir voir son père. Elle se remémore ne pas avoir eu de nouvelles de Tariq Ramadan pendant 45 jours. « C’est par la presse qu’on a appris qu’il avait été admis plusieurs fois en urgence à l’hôpital. Cette période a été très difficile. Là, on peut enfin lui rendre visite, ma mère et moi, trois fois par semaine », explique la jeune femme sans pour autant perdre de vue l’état de santé de son père.
« Physiquement, mon père va mal, il a beaucoup maigri. Il est atteint, comme nous le savons dans la famille depuis 2014, d’une sclérose en plaques. Lui, qui est entré en prison en marchant normalement est maintenant handicapé et doit s’aider d’un déambulateur pour se déplacer. Il a de constants et violents maux de tête, de la peine à se concentrer. Il a des crampes insupportables dans les jambes qui le réveillent la nuit et qui l’empêchent de dormir plus d’une ou deux heures. La prise de nombreux médicaments le laisse vaseux. Son état de santé se détériore de jour en jour», s’inquiète Maryam.
«Mentalement je suis fort, mais mon physique ne tient pas »
C’est avec les mots de Tariq Ramadan que sa fille éclaire le journaliste qui l’interroge sur l’état de santé de son père. Elle ne comprend pas en revanche, pourquoi son père vit un tel isolement en prison, elle dresse un tableau noir de son incarcération : « Alors qu’il s’était rendu de son plein gré à la convocation policière du 31 janvier à Paris, il a le sentiment de vivre une profonde injustice. Il est placé à l’isolement complet qui s’apparente à une torture psychologique. Chaque fois qu’il va prendre une douche, personne ne doit se trouver dans les couloirs. Pareil pour la promenade (…) On lui rend tout difficile. La plupart des jours, il reste entre 23h30 et 24h dans sa cellule. Il devrait avoir au moins une séance quotidienne de kinésithérapie, il n’en a même pas trois par semaine. »
Une incarcération difficile à vivre pour toute la famille Ramadan
« Honnêtement, ma famille et moi, nous n’avons pas été préparés à vivre cela. Mon père n’a jamais rien fait de répréhensible pour qu’on puisse un jour imaginer lui rendre visite dans une prison. Je ressens une grande injustice. Il ne bénéficie pas de la présomption d’innocence: il est dans les faits présumé coupable, alors que ses accusatrices bénéficient d’une présomption de sincérité, ce n’est pas normal. De plus, il est malade. Il faut qu’on reste fort pour pouvoir se battre», s’est insurgée la fille aînée de l’islamologue qui trouve que les accusations dont son père fait l’objet sont complètement folles. « Ce n’est pas du tout quelqu’un de violent. Même lorsqu’il est fâché, il privilégie toujours la discussion. Donc, oui, tout ça me paraît totalement fou. Les accusations qui le visent reposent sur des allégations sans preuves. S’il y en avait, elles auraient déjà été produites. »
Pour rappel, Tariq Ramadan fait face à quatre plaintes pour viol, trois en France, une en Suisse, et une Américaine a déposé plainte outre Atlantique pour agression sexuelle.
Lorsque l’on parle d’infidélité de la part de Tariq Ramadan, sa fille n’en démord pas, « C’est une question qui ne regarde que mon père et ma mère. Et quand bien même il aurait fauté, il est un être humain comme nous tous. Ce n’est pas une discussion que nous avons envie d’avoir dans les médias. Votre question est importante, car elle est très révélatrice: les gens confondent aspect juridique et aspect moral. C’est primordial de faire la différence entre les deux. »
« Je n’en serais pas à défendre mon père, un soi-disant violeur, si je pensais qu’il en était un »
La fille de Tariq Ramadan a conclu son interview en décrivant son père comme un chef de famille aimant qui passait des moments de qualité avec ses enfants. Maryam s’est remémoré les voyages qu’elle a pu faire avec son père et les valeurs d’ouverture et de tolérance qu’il lui a inculquées. « C’est en faisant des voyages avec lui, notamment dans des pays majoritairement musulmans où les femmes sont souvent privées de droits, que j’ai entrepris des études de genre, jusqu’à l’obtention d’un master. Je n’en serais pas à défendre mon père, un soi-disant violeur, si je pensais qu’il en était un»