Actée le 14 août 1979 à Rabat, au bout d’une lutte de plusieurs décennies, la récupération de la province de Oued Eddahab marquera le parachèvement de l’intégrité territoriale du Maroc. Retour sur un événement historique 38 ans après.
«Nous venons de recevoir en ce jour béni, votre serment d’allégeance, que nous préserverons et conserverons précieusement, comme un dépôt sacré. Désormais, vous devez honorer ce serment. De notre côté, nous faisons également un devoir de garantir votre défense et votre sécurité et d’œuvrer sans relâche pour votre bien-être. Soyez donc, mes chers fils, les bienvenus au sein de votre patrie.»
C’est en ces termes que le roi Hassan II a répondu, le 14 août 1979 à Rabat, aux chefs de tribus et les oulémas de Oued Eddahab venus lui prêté allégeance.
Il s’agit des représentants de près d’une vingtaine de tribus et de sous tribus: Ouled Dlim, Reguibat, Aït Lahcen , Lâaroussiyine, Izarguiyine, Oulad Cheikh Maa-alaïnine, Ouled Tidrarine, Aït Bâamrane, Mohamed Salem, Bark Allah, Assikab, Tindagha, Fikart et Amghrane. Ces derniers avaient été reçus dans la cour du Palais royal de Rabat, pour remettre au roi le texte exprimant leur attachement à leur patrie.
«Nous nous considérons désormais comme les partisans de Amir Al Mouminine, son soutien et ses soldats (…) pour la noblesse de ses actes, pour ses efforts tendant à la libération de la patrie, à sa réunification et à la prospérité de ses sujets…», indiquait cette lettre lue par Cheikh Ahmed Habib Allah représentant les chefs de la totalité des tribus des provinces d’Aousserd et de Oued-Eddahab.
Par cet événement historique, la récupération de la province de Oued Eddahab sera actée au bout d’une lutte de plusieurs décennies engagée par le Maroc pour parachever son intégrité territoriale.
Selon les historiens, cette lutte a été marquée dès le 23 novembre 1957 par le soulèvement des tribus d’Ait Baâmrane contre l’occupation. Un combat qui aboutira à la récupération de la ville de Tarfaya, puis de Sidi Ifni en 1969 et des autres parties du Sahara marocain grâce à la Marche verte en 1975.
Avant l’allégeance de Oued Eddahab, la gestion administrative de cette province était confiée à la Mauritanie en vertu de l’accord de Madrid conclu entre le royaume, l’Espagne et l’ONU, le 14 novembre 1975.
Mais il devenait de plus en plus impératif pour le Maroc de récupérer cette région, et pour cause. Le pouvoir du président mauritanien, Mokhtar Ould Daddah était plus que jamais vulnérable. En même temps, de nouveaux dirigeants algériens qui avaient succédé à Houari Boumediene en décembre 1978 faisaient pression sur la Mauritanie, jugée à l’époque proche du Maroc. Un coup d’Etat militaire renversa en juillet 1978 le président Mokhtar Ould Daddah et le colonel Moustapha Ould Salek lui succéda. Aussi, les milices du polisario s’étaient-elles installées à la frontière sud entre le Maroc et la Mauritanie menaçant la stabilité de la région.
Dans ce contexte marqué par les convoitises territoriales de l’Algérie, le Maroc se devait de réagir. Cet acte d’allégeance du 14 août 1979, viendra ainsi couronner les efforts du royaume pour la défense de son intégrité territoriale.
Le Maroc déploiera par la suite avec l’avènement du roi Mohammed VI d’importants efforts afin de développer le sud. Et ce, à travers plusieurs programmes de développement économique et social qui ont pour objectif de faire de cette région dont le chef-lieu est Dakhla la porte de l’Afrique.