Mercredi 3 février, le mouvement marocain a initié une campagne sur les réseaux sociaux sous le hashtag #STOP490, demandant l’abrogation de l’article 490 qui condamne le sexe hors mariage. Un large combat mené en soutien à Hanaa, une femme condamnée à de la prison ferme après la publication d’une sextape sans son consentement.
Créé en 2019 après l’arrestation d’Hajar Raissouni, journaliste marocaine emprisonnée pour avortement illégal et relations sexuelles hors mariage avant d’être finalement graciée, le collectif des « Hors-la-loi » reprend aujourd’hui les armes en soutien à Hanaa. Cette mère de deux enfants, originaire de Tétouan, vient en effet d’être condamnée à un mois de prison ferme suite à la diffusion d’une vidéo à caractère sexuel où cette dernière apparaît nue, la tête voilée. « Hanaa est maman de deux enfants et vit dans une situation de précarité extrême. Elle a été victime d’exploitation sexuelle à des fins pornographiques par l’auteur de la vidéo qui a décidé, plusieurs années plus tard, de diffuser cette vidéo sans son consentement. Aujourd’hui, c’est elle qui se retrouve en prison tandis que l’auteur de ces infractions est en liberté », s’insurge le mouvement. Le partenaire de Hanaa au moment des faits, tout comme la personne qui a fait fuiter la vidéo, ne sont pour leur part aucunement poursuivis ou condamnés.
Protéger les victimes
Le mouvement rappelle que « la loi marocaine est supposée protéger les victimes comme Hanaa, et non pas les punir » et que le responsable de la publication de la vidéo aurait dû écoper « de 5 à 10 ans d’emprisonnement selon l’article 448-1 du code pénal qui punit l’exploitation sexuelle à des fins pornographiques », ou encore selon « l’article 447-1, qui quant à lui, sanctionne la diffusion de vidéos privées sans le consentement de la personne concernée de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement ». « C’est dire à quel point cet article est insidieux. C’est une arme entre les mains d’une justice complètement désensibilisée aux questions des violences faites aux femmes, de la protection de la vie privée et des libertés individuelles », poursuit le communiqué du mouvement qui appelle « chaque personne qui (les) soutient à poster sur ses pages, ce mercredi 3 février à partir de 9h du matin, le #STOP490 sur un fond rouge, symbole de sa participation au sit-in digital ».
Depuis hier, de nombreuses personnalités et anonymes ont pris part à la campagne, montrant leur soutien à l’abrogation de l’article 490 du Code pénal marocain qui condamne toutes relations sexuelles pratiquées hors mariage. « Ce sit-in digital a pour objectif de soutenir Hanaa dans sa procédure d’appel qui vise à faire tomber sa condamnation au titre de l’article 490, ce qui serait une grande avancée pour notre cause », conclut le communiqué.