Le Prix du leadership international du Centre Simon Wiesenthal (CSW) a été attribué à la journaliste et écrivaine d’origine marocaine Souad Mekhennet, correspondante internationale du Washington Post, a annoncé lundi le Centre basé aux Etats-Unis.
La journaliste native d’Allemagne d’un père marocain et d’une mère turque, recevra cette distinction le 14 janvier 2020, au Musée de la Tolérance de Los Angeles, a ajouté la même source dans un communiqué.
À l’heure des réseaux sociaux et de la course aux gros titres au détriment de la substance et de la profondeur, Souad Mekhennet se «démarque par son statut de journaliste et d’auteur courageux, impartial et percutant», a déclaré le rabbin Abraham Cooper, doyen associé et directeur de programme au sein de l’organisation juive qui se voue à perpétuer le souvenir des crimes perpétrés par les Nazis.
«Mme Mekhennet a assuré la couverture en temps réel du Printemps arabe, interrogé des dirigeants meurtriers de l’Etat islamique et est devenue le premier musulman à jouer un rôle central dans la résolution du cas d’un criminel de guerre nazi majeur», a-t-il ajouté dans le communiqué.
La journaliste qui a déjà travaillé, entres autres, pour le New York Times et le Herald Tribune, est co-auteur, de «Eternel Nazi: de Mauthausen au Caire, la poursuite implacable du docteur SS Aribert Heim», une enquête publiée en 2014, sur Aribert Heim, le «médecin de la mort» nazi du camp de Mauthausen considéré comme l’un des criminels de guerre les plus recherchés au monde.
En cavale depuis un demi-siècle, le fugitif s’était installé au Caire, sous une fausse identité, au milieu des années 1970 jusqu’à sa mort en 1992 à l’âge de 78 ans des suites d’un cancer.
Première musulmane à recevoir ce Prix
Mkhennet s’est dite «reconnaissante» au Centre Simon Wiesenthal pour l’honneur et la reconnaissance de ses contributions journalistiques et de ses livres. «Je considère cette distinction comme une responsabilité supplémentaire pour avancer et approfondir davantage mes reportages sur les personnes qui agissent de manière haineuse envers d’autres êtres humains», a-t-elle déclaré à la MAP.
«C’est aussi un honneur particulièrement spécial pour moi et qui me comble d’humilité de me nommer la première personne d’origine musulmane à avoir joué un rôle central dans la résolution du cas d’un grand criminel de guerre nazi», a-t-elle dit.
«Afin de faire face globalement à de tels crimes, nous devons comprendre comment les gens se sont alignés sur les idéologies déshumanisantes et ont agi en conséquence», a ajouté celle qui a grandi en Allemagne où elle a appris les atrocités commises par les nazis contre les juifs et qui se rappelle aussi de ses années passées à Meknès aux côtes de ses grands-parents qui lui racontaient comment feu SM Mohammed V a protégé les juifs marocains en ces temps sombres de l’histoire européenne.
Souad Mekhennet est correspondante internationale et membre de l’équipe du «Desk sécurité nationale» du prestigieux quotidien de la capitale américaine, où elle a assuré la couverture de sujets liés notamment à la montée de l’extrémisme et de groupes terroristes comme Al-Qaïda et l’État islamique en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Enième distinction
Elle a déjà obtenu plusieurs prix et distinctions pour ses recherches tant sur le terrain en Irak, en Afghanistan, en Algérie et en Libye, mais aussi en tant qu’écrivaine inspirée par ses investigations dans les milieux radicaux.
Première femme musulmane à recevoir le prestigieux Daniel Pearl Award en 2017, pour le courage et l’intégrité dans le journalisme, Mekhennet est l’auteure de quatre ouvrages, dont le best-seller international «I Was Told To Come Alone: My Journey Behind the Lines of Jihad», dans lequel elle revient sur ses enquêtes souvent périlleuses menées à travers le monde sur le terrorisme.
Selon le communique du Centre Simon Wiesenthal, «Souad Mekhennet est aujourd’hui sans conteste l’une des toutes premières journalistes traitant des questions d’extrémisme, de radicalisation, de terrorisme et de sécurité nationale. Elle est extrêmement respectée pour son expertise en la matière, son intégrité journalistique, son objectivité, son dévouement à la vérité, son accès sans précédent à des sources autrement inaccessibles et, surtout, son courage indéfectible».
En 2018, la journaliste de 41 avait obtenu un prix spécial, lors du Nannen Prize à Hamburg, considéré comme la distinction la plus prestigieuse pour les journalistes en Allemagne ainsi que le prix Ludwig Börne, l’une des récompenses littéraires les plus estimées des pays germanophones.