En réponse au vote de l’amendement interdisant le port du hijab par les mineurs en France, l’influenceuse et modèle musulmane Rawdah Mohamed a lancé début avril le hashtag #HandsOffMyHijab. Une campagne rapidement devenue virale qui fait grand bruit.
Fière de ses racines, Rawdah Mohamed, mannequin norvégien d’origine somalienne, est l’une des rares femmes à porter le hijab dans le milieu très fermé de la mode. Un choix qui ne l’a jamais empêchée de défiler pour les plus grands créateurs, notamment Max Mara, mais qui lui vaut de nombreux regards en biais et des propos racistes au quotidien depuis son plus jeune âge. Née en Somalie en 1991, Rawdah Mohamed grandit en Norvège où ses parents ont décidé de déménager. Très vite, la petite fille est victime de racisme de la part de ses camarades d’école. En cause, sa couleur de peau et son foulard, qu’elle porte depuis l’âge de 7 ans. Bien loin de se laisser influencer, Rawdah décide au contraire de continuer à arborer fièrement son hijab : « Je n’ai jamais vraiment aimé l’idée de devoir ajuster ma façon de parler ou mon apparence simplement parce que cela met les autres mal à l’aise. J’ai juste continué à le porter, et c’est en quelque sorte devenu mon bouclier et quelque chose dont je suis fière », explique-t-elle en mai 2019 à l’édition américaine de Vogue. Très tôt, la jeune femme affirme donc son style vestimentaire et ne laisse personne lui dicter quoi porter. Un combat qui s’est naturellement prolongé vers la lutte pour le droit des femmes et la défense des minorités, en particulier les femmes musulmanes.
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#HandsOffMyHijab
Malgré sa notoriété et sa réussite dans le milieu du mannequinat, de la mode et de l’influence, Rawdah Mohamed subit aujourd’hui encore des attaques concernant son hijab dont elle ne se sépare jamais. Jouissant d’une certaine notoriété sur les réseaux sociaux, l’influenceuse et modèle profite alors de ses 123 000 abonnés sur Instagram pour faire passer ses messages et partager ses combats afin de lutter contre les « stéréotypes profondément enracinés » à l’encontre des femmes musulmanes. Début avril, suite au vote au Sénat français de l’interdiction de porter le hijab en public pour toute personne âgée de moins de 18 ans, la jeune femme n’a pas hésité à monter au créneau en partageant un selfie où l’on voit écrit sur sa paume de main la phrase « Hands off my Hijab ».
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Un message lourd de sens qui a donné lieu un hashtag partagé par de nombreuses personnalités à travers le monde, telles que l’escrimeuse olympique Ibtihaj Muhammad et la députée américaine Ilham Omar, ainsi que par des milliers de femmes, notamment en France où le hashtag est devenu #PasToucheAMonHijab. En légende de son post, Rawdah Mohamed a expliqué que selon elle, « le seul antidote des crimes haineux est l’activisme. De nombreux gouvernements ont déjà été du mauvais côté de la libération et de l’égalité. C’est notre devoir alors que les gens se lèvent et se battent pour les droits de chacun. L’interdiction du hijab est une rhétorique haineuse venant du plus haut niveau du gouvernement et sera considérée comme un énorme échec des valeurs religieuses et de l’égalité », avant de donner plusieurs exemples du racisme dont elle a été victime à l’école, lorsque ses camarades de classe tentaient de lui enlever son foulard pour jouer avec ou encore lorsqu’elle a été recalée à de nombreux entretiens d’embauche, non pas par manque de compétences mais à cause de son foulard. « Quand j’avais 8 ans, j’ai été convoquée à une réunion avec mes professeurs. Ils discutaient des moyens de mettre fin à l’intimidation que mes camarades de classe me faisaient subir quotidiennement. Leur solution était que je ne devais plus porter le hijab à l’école. Assise dans une pièce pleine d’adultes discutant de mon corps et de ce que je pouvais et ne pouvais pas porter en tant que jeune fille a laissé plus de cicatrices que l’intimidation elle-même. Je ne me suis jamais sentie aussi dépouillée de mes droits, je ne me suis jamais sentie aussi rabaissée. Ils m’ont réduite à rien » ajoute-t-elle. Liké par plus de 176 000 personnes, ce post a eu le mérite de relancer le débat sur l’inclusivité. Un combat encore loin d’être gagné.