Société

HCP: 1 Marocaine sur 5 « seulement » porte plainte après avoir été agressée dans la rue

La violence contre les femmes est un sujet revenu dans l’actualité au Maroc suite à l’affaire de l’agression d’une femme dans un bus qui a secoué l’opinion public il y a quelques jours. Le HCP rebondit sur l’actualité et vient de publier sur son site internet les résultats de l’Enquête nationale sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes (ENPVEF) réalisée en 2009.

La violence à l’égard des femmes n’est pas un sujet qui date d’aujourd’hui. Et si aujourd’hui l’on se demande si la sécurité peut être garantie aux femmes dans les espaces publics, les résultats de l’Enquête nationale sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes effectuée en 2009, offrent déjà des premiers éléments de réponse.

Selon l’enquête dont les résultats ont été publiés sur le site internat du Haut commissariat au Plan, la présence des femmes dans les espaces publics évoque obligatoirement la question de la violence et plus particulièrement celle du harcèlement sexuel. L’enquête stipule même que « si la femme présente un handicap, son état ne l’épargne pas de la violence perpétrée dans les espaces publics ». Une déclaration qui semble avoir prédit des événements qui surviendront 8 ans après, secouant tout le Maroc.

L’enquête révèle également qu’en milieu urbain, sur une population de 5,7 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans, 2,3 millions, soit 40,6%, ont été victimes au moins une fois d’un  cte de violence, sous une  forme  ou  une  autre, dans un espace public de leur ville durant les douze mois  précédant l’enquête. Par forme de violence, la plus fréquente est la violence psychologique qui touche 1,9 millions de femmes, soit près du tiers des citadines. Les violences physiques occupent la deuxième position avec 808 mille victimes, soit 14,2% de citadines.

Dans les lieux publics, les atteintes à la liberté individuelle et les violences sexuelles, non compris le harcèlement sans attouchement, touchent, respectivement, 4,5% (427 mille victimes) et 3,9% (372 mille victimes) des femmes en milieu urbain. Par ailleurs, les femmes victimes de violences dans les lieux publics de nos villes appartiennent à toutes les tranches d’âge et toutes les catégories sociales.

Etre mariée semble un facteur modérateur mais qui ne préserve pas les femmes des violences dans les espaces publics. Le taux de prévalence a atteint 33,4% parmi les femmes mariées contre 46,3% parmi les divorcées et 66,3% parmi les célibataires. Les femmes veuves sont touchées par la violence dans les espaces publics urbains à hauteur de 27%.

Les femmes citadines qui ont un niveau d’enseignement supérieur rapportent plus d’actes de violences que les autres femmes. En effet, plus le niveau d’instruction de la femme est élevé plus le taux de prévalence augmente. Il varie ainsi de 29% parmi celles n’ayant aucun niveau d’instruction, à 40,6% parmi celles ayant le niveau de l’enseignement primaire et à 57,9% parmi celles ayant un niveau de l’enseignement supérieur.

L’ENPVEF a également révélé que la majorité des auteurs des violences dans les espaces publics urbains sont jeunes ne dépassant pas 35 ans et il en est de même des victimes de ces violences, et que la majorité des victimes (67,6%) parlent de la violence subie dans ces espaces, le plus souvent, à un membre de la famille. Cependant, l’enquête a révélé également que seules 18,8% (moins d’une marocaine sur 5) des victimes de ces violences survenues dans les lieux publics urbains s’adressent à une autorité compétente pour déposer plainte. Les actes les plus  rapportés aux autorités compétentes sont les agressions avec un objet  contondant ou produit dangereux (43,5% des cas), la menace avec un objet contondant ou produit dangereux  (37,7%), les gifles, les coups de poigne ou de pied et autres violences physiques (23,7%), le vol avec force (22,4%) et les insultes (7,4%).

En guise de conclusion, les résultats de l’ENPVEF montrent que la violence à l’égard des femmes dans les espaces publics urbains est en particulier le fait des jeunes, tant en termes de victimes qu’en termes d’agresseurs, et que la saisie des autorités compétentes par les victimes pour déposer plainte reste encore faible.

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