Lancée par le collectif Ta7rir, « Flana » est une nouvelle application qui recourt à la réalité virtuelle pour venir en aide aux femmes violentées au Maroc. Elle vise à diagnostiquer les types de violences subies par les femmes, principalement les analphabètes et à les accompagner en leur montrant les lois qui encadrent leur cas. Karim El Hamri, le fondateur de cette application, nous en dit plus.
Tout d’abord, parlez-nous du collectif Ta7rir ?
Le collectif Ta7irir a été crée en octobre 2017. Il réunit plusieurs artistes et créatifs qui ont envie de proposer des solutions alternatives aux problématiques socio-économiques qui nous entourent, et ce, loin de toute forme de censure. Nous avons déjà réalisé plusieurs projets dans le passé comme le jeu de cartes « Tayka », la bande-dessinée « Once Rahal » ou encore le podcast « Maqha » . L’application Flana est notre dernier bébé.
Pourquoi avoir choisi de lancer une application au service des femmes violentées ?
En décembre 2017, j’avais visité l’association Marocaine de lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes (AMVEF) et je me suis rendu compte que l’absence du digital dans cette ONG les empêchait de traiter les cas de manière plus efficace. Bien que l’association mette à la disposition femmes violentées des professionnels dont des psychologues et des avocats, il y avait un problème de gestion du nombre des victimes. Notre initiative essaie entre autre de remédier à ce problème dans le sens où elle permet de faire un diagnostic de manière individuelle.
Lors de ma visite, j’avais également remarqué que la question de la violence psychologique était rarement évoquée. Il est difficile pour les associations de traiter tous les aspects de la violence étant donné le nombre de cas qu’elles reçoivent chaque jour. Notre application répond à cette faille en posant des questions précises et qui englobent tous les aspects auxquels une femme violentée peut être confrontée.
Pouvez-vous décrire l’application Flana et son objectif ?
« Flana », (qui signifie au féminin « personne » en darija), a pour vocation de lutter contre la violence faite aux femmes au Maroc. L’application diagnostique les types de violence domestiques que subit la femme à travers un questionnaires comprenant 30 interrogations en darija. A travers les réponses qu’elle reçoit, l’application identifie le type de violence auxquelles ces femmes sont confrontées et leur fournit un guide leur permettant de connaitre les lieux d’écoute et les institutions qui peuvent les aider ainsi que les lois en vigueur criminalisant les violences domestiques.
L’originalité de cette application c’est que les femmes peuvent répondre en hochant la tête du haut en bas pour exprimer le « oui », et de droite à gauche pour dénoter le « non ». C’est pour faciliter la démarche aux femmes analphabètes principalement.
Encore faut-il que ces femmes analphabètes possèdent un smartphone…
Ce sont les ONG qui vont s’occuper d’accompagner ces femmes et les aider à utiliser cette application. Le fait de répondre en hochant la tête leur permet de préserver leur intimité et les encourage à s’exprimer davantage.
Ce n’est pas la première fois qu’une application en soutien aux femmes violentées voit le jour… En quoi « Flana » se distingue t-elle des autres ?
Ces applications font généralement de la prévention. La nôtre fait surtout dans la sensibilisation, pose un vrai diagnostic et accompagne les victimes. Le fait de guider ces femmes en direct permet également aux ONG d’économiser du temps et d’être plus efficace. Cela a évidemment un impact positif sur le corps associatif et sur les femmes victimes de violence domestique.
Quand l’application « flana » sera-t-elle lancée ?
L’application est en phase de test. Elle sera lancée dans quelques mois en collaboration avec des ONG issues de quatre régions du Maroc.