Le débat sur l’éducation sexuelle à l’école est relancé. Selon un sondage réalisé par l’Economiste-Sunergia, plus de la moitié des Marocains approuveraient l’apprentissage de l’éducation sexuelle à l’école. Si aujourd’hui en classe, on enseigne seulement les sciences naturelles, l’importance d’une éducation sexuelle est reconnue par 55% des Marocains. Toutefois, parmi les sondés un tiers désapprouve tandis que 14% n’a pas souhaité répondre.
Les femmes sont nombreuses à vouloir intégrer cette matière aux écoles
Les Marocaines sont 60% à approuver cette idée. Selon la sexologue Amal Chabach, invitée à analyser ces données, ce n’est pas étonnant que les femmes soient aussi nombreuses parce qu’elles sont en général plus ouvertes au changement : « elles ont aussi peur pour leurs enfants, et veulent qu’ils soient bien informés. » La sexologue explique qu’avoir gagné en liberté de parole, a permis aux femmes d’émanciper également leur pensée. Du côté des hommes, ils ne sont que 50% à approuver cette idée quand un tiers d’entre eux considère qu’il n’en est pas question.
Les classes sociales et le niveau d’instruction en cause ?
Selon Amal Chabach, pas forcément, tout dépend « du niveau de conscience de chacun ». Il apparaît toutefois que parmi les classes aisées, seuls 17% des sondés ne sont pas d’accord. Alors que dans les milieux les plus modestes, moins de la majorité approuve. Les classes moyennes quant à elles approuvent à 56%. Autre fait frappant, plus le niveau d’étude est bas, plus les citoyens s’opposent à cette réforme de l’éducation, 63% des personnes qui ont le niveau bac approuvent.
L’âge et la zone géographique, autre facteur de tolérance
Les plus jeunes (15-24 ans) sont les plus favorables, ils sont 60%, mais plus les âges sont avancés, plus les opinions diffèrent. Parmi les 25-34, ils ne sont que 51% à être d’accord avec un pourcentage de 38% de personnes contre. Sans grande surprise, ce sont dans les grandes villes que l’on approuve le plus l’éducation sexuelle en classe, ils sont 68% pour à Rabat et 62% à Casablanca. Dans le sud, néanmoins, les sondés sont les plus nombreux à réfuter cette idée. En milieu rural ils sont 48% à voir cela d’un bon œil contre 60% dans les villes.
Un chemin encore long à parcourir
Si on remarque que les personnes les plus instruites et les plus aisées sont les plus favorables, il apparaît important de noter que le chemin vers la démystification de ce tabou est encore long. Certaines personnes considèrent encore qu’étudier cette matière à l’école marocaine serait une « incitation à la débauche ». Toutefois, c’est grâce à l’éducation et aux données scientifiques que l’on peut contrer l’ignorance, les idées reçues et les polémiques.
Ce sondage d’opinion publié dans les colonnes de L’Economiste ce mercredi 18 avril a été mené auprès d’un échantillon de 1000 personnes contactées par téléphone entre le 18 janvier et le 2 mars. L’enquête se base sur cinq critères: sexe, âge, milieu (urbain ou rural), région et catégorie socio-professionnelle.